Adapté d'un best-seller rédigé à partir des confessions du véritable Henry Hill, Martin Scorsese a tiré une chronique sans concession des gangsters pour qui le crime est un moyen de s'enrichir, une tranche de vie violente et saignante qui brosse le portrait d'une mafia au quotidien, de ces caïds au petit pied qui ont des activités d'hommes à tout faire : fraudes, vols, détournements, rackets, paris illégaux, règlements de comptes, liquidations sommaires... qui leur assurent un train de vie digne des stars d'Hollywood, et dont le mauvais goût reflète leur obsession de l'argent. On est loin du mythe du gangster-héros sublime vu dans les films des années 30, la vie quotidienne de ces "affranchis" est finalement dérisoire et terre à terre, leurs actes dénués de toute réflexion morale les conduit droit dans le mur, ils sont constamment sur la pente savonneuse de la trahison et de la solitude, c'est une fuite en avant, frénétique et sanglante jusqu'à la chute finale, inévitable... Emaillé de quelques scènes de tuerie sauvage, le film est époustouflant par sa mise en scène virtuose et son rythme à l'atmosphère électrique ; Scorsese réussit sur un thème pourtant déjà usé par le cinéma hollywoodien, une oeuvre fascinante qui dissèque au scalpel ces mafieux qui sont en fait de faux adultes hypnotisés par les signes extérieurs du pouvoir. Les acteurs sont fabuleux : les 2 découvertes de ce film sont Ray Liotta qui impose un jeu chargé de macho détestable, et surtout Joe Pesci dans un rôle d'impulsif déjanté à la susceptibilité pathologique, capable de buter froidement sans raison apparente (il reçut d'ailleurs l'Oscar du meilleur second rôle). Du grand Scorsese !

Créée

le 15 sept. 2016

Critique lue 617 fois

30 j'aime

15 commentaires

Ugly

Écrit par

Critique lue 617 fois

30
15

D'autres avis sur Les Affranchis

Les Affranchis
Charlotte-Bad
9

Les Affranchis ou la démystification d'un milieu.

"Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu être un gangster.". Les Affranchis, c'est l'aboutissement de toute une carrière pour Martin Scorsese. Délaissant le sujet durant les années 80, il...

le 5 mai 2012

113 j'aime

2

Les Affranchis
Docteur_Jivago
10

Ya motherfucker !

As far back as I can remember, I always wanted to be a gangster L'introduction donne tout de suite le ton, avant que Scorsese ne reprenne le récit dès le début et nous fasse suivre trente années...

le 11 nov. 2015

76 j'aime

18

Les Affranchis
Gand-Alf
10

The Nice Guys.

Vilipendé par une horde de cathos intégristes pour avoir osé mettre en images sa vision du Christ, Martin Scorsese se retrousse les manches, délaisse momentanément les sujets controversés (encore...

le 10 janv. 2017

68 j'aime

6

Du même critique

Il était une fois dans l'Ouest
Ugly
10

Le western opéra

Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...

Par

le 6 avr. 2018

123 j'aime

98

Le Bon, la Brute et le Truand
Ugly
10

"Quand on tire, on raconte pas sa vie"

Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...

Par

le 10 juin 2016

98 j'aime

59

Gladiator
Ugly
9

La Rome antique ressuscitée avec brio

On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...

Par

le 5 déc. 2016

96 j'aime

45