Adapté d'un best-seller rédigé à partir des confessions du véritable Henry Hill, Martin Scorsese a tiré une chronique sans concession des gangsters pour qui le crime est un moyen de s'enrichir, une tranche de vie violente et saignante qui brosse le portrait d'une mafia au quotidien, de ces caïds au petit pied qui ont des activités d'hommes à tout faire : fraudes, vols, détournements, rackets, paris illégaux, règlements de comptes, liquidations sommaires... qui leur assurent un train de vie digne des stars d'Hollywood, et dont le mauvais goût reflète leur obsession de l'argent. On est loin du mythe du gangster-héros sublime vu dans les films des années 30, la vie quotidienne de ces "affranchis" est finalement dérisoire et terre à terre, leurs actes dénués de toute réflexion morale les conduit droit dans le mur, ils sont constamment sur la pente savonneuse de la trahison et de la solitude, c'est une fuite en avant, frénétique et sanglante jusqu'à la chute finale, inévitable... Emaillé de quelques scènes de tuerie sauvage, le film est époustouflant par sa mise en scène virtuose et son rythme à l'atmosphère électrique ; Scorsese réussit sur un thème pourtant déjà usé par le cinéma hollywoodien, une oeuvre fascinante qui dissèque au scalpel ces mafieux qui sont en fait de faux adultes hypnotisés par les signes extérieurs du pouvoir. Les acteurs sont fabuleux : les 2 découvertes de ce film sont Ray Liotta qui impose un jeu chargé de macho détestable, et surtout Joe Pesci dans un rôle d'impulsif déjanté à la susceptibilité pathologique, capable de buter froidement sans raison apparente (il reçut d'ailleurs l'Oscar du meilleur second rôle). Du grand Scorsese !