Etonnant que ce premier projet de la toute jeune Gainax. Après la célèbre vidéo de la DAICON IV qui a rendu hype le futur staff du studio (si vous ne connaissez pas prenez donc 7mn pour regarder ce morceau d'histoire), on aurait pu s'attendre à ce que la Gainax surenchérisse dans le pulp, les méchas et l'exagération hilare et référencée, mais il n'en est - presque - rien avec Les Ailes d'Honnéamise, qui met en scène avec un grand effort de réalisme une conquête spatiale fictive (mais qui toutefois évoque les mêmes problématiques que celle de notre propre histoire).
Niveau animation, et plus généralement visuellement, le film est magnifique. La cinématographie de Hiroyuki Yamaga alliée à l'animation surnaturelle de Hideaki Anno et toute la fine fleur de l'animation Gainaxienne toute fraîche et pimpante (Makiko Futaki, Shinji Higuchi, Mahiro Maeda, Masayuki et j'en passe) créent 2h d'une animation presque parfaite, aux personnages constants de A à Z, des backgrounds qui rendent les traditions bariolées d'Honnéamise sensibles, et des morceaux de bravoure (des course-poursuites, des vols d'avion de chasse, et surtout une incroyable scène de décollage de fusée qui m'a laissée littéralement bouche bée).
Pour le reste, les créateurs semblent avoir la curieuse conscience d'être maladroit dans leur propos, ce qui donne un film qui soulève en effet les paradoxes de cette conquête spatiale qui appauvrit le pays pour des rêves de nerds, mais qui est aussi convoitée par des puissances opportunistes, mais qui n'en prend pas réellement acte, si ce n'est au détour de quelques atermoiements du personnage principal, héros fabriqué malgré lui. Dans cette ambitieuse spirale, Gainax fait le choix somme toute raisonnable de s'en tenir à ce qu'ils connaissent réellement : un jeune paumé éperdu d'amour pour une jeune fille qui est comme un rayon de pureté dans un monde vicié. La loupe narrative a été placée au bon endroit, c'est à dire sur cette étrange et jolie relation d'une part, et d'autre part sur l'impressionnant déploiement de cette machinerie qui permettra aux humains de se hisser vers les étoiles. Et finalement c'est là qu'on retrouve la Gainax telle qu'on la connait : amoureuse des rouages et des machines, de la technologie, des mouvement de groupe, la tête vissée vers les astres. Inspirés comme toujours par la légende de la fondation du studio, d'étudiants fauchés à illustres animateurs et business men, on en voit l'influence dans le regain de foi qui imprègne petit à petit l'équipe de la Space Force d'Honnéamise et qui se met à travailler comme un seul homme. Le film est long, et ces deux heures semblent avoir été consacrées à veiller à ce que chacun des membres de l'équipe brille à sa manière... Les péripéties, environnements et situations sont variées, ce qui peut certes rendre le récit un peu brouillon par moment mais qui permet également à l'équipe de se faire la main sur énormément de points, et à mon humble avis ils s'en tirent à chaque fois avec les honneurs.
En somme, un film maladroit par certains aspects comme je le disais plus haut, mais qui lorsqu'il se concentre sur ce qu'il sait faire de mieux brille comme peu d'autres. L'ère de Gunbuster est proche, et Les Ailes d'Honnéamise n'auront pas vraiment d'héritier connus (de moi) dans la suite du palmarès Gainax, mais il demeure comme un superbe one-shot sérieux et passionné.
Extraits d'animation :
https://www.sakugabooru.com/post/show/84549
https://www.sakugabooru.com/post/show/45715
https://www.sakugabooru.com/post/show/38952