Quel est le point commun entre Nicolas Cage, John Cusack, John Malkovich, David Chapelle et Ving Rhames ?
Etrangement, à part les cheveux (soit qu'y sont plus là soit qu'y sont bizarres) y a Con Air.
Ce film fait partie de la sélection "les films du dimanche soir" de TF1 qui m'ont marqués malgré moi. Et qui ont cimenté l'idée que pendant 1h40, le dimanche soir, j'étais invincible. Je m'échappais dans une Amérique où le meilleur de l'humanité y côtoyait le pire, où Nicolas Cage incarnait l'étrange héros, entre nerd total (The Rock), psychopathe déluré (Face Off), flic corrompu (Snake Eyes), soldat traumatisé (Wintalkers), et américain "full valeurs" (Red Rock West). Et quoi qu'on pense de Nic Cage, une de ses forces c'est qu'il incarne tout ça à chaque passage à l'écran. Je m'égare, mais c'est pour mieux illustrer l'impact de cet acteur sur toute une génération. Qu'on le veuille ou non, tant qu'il y avait Nic, je buvais tout ça comme du petit lait sans question (jusqu'à Bangkok Dangerous, là je me suis dit, y a un problème sur la coupe de cheveux et le reste). Et pour moi il représente bien plus que tous les Tom Cruise, Bruce Willis ou Will Smith l'universalité du héros américain des années 90. Héros 100% Oklahoma, mais 100% mondial. Nourri au KFC, mais qui me parle à MOI.
Et dans Con Air, c'est le paroxysme : jamais je n'ai été aussi content qu'un "faiseur" (Simon West, je n'énumèrerai pas sa filmographie pour préserver votre santé mentale) s'efface devant la palette d'acteurs qui prend tout l'espace possible sur la pellicule. Le scénario est ridicule. La réalisation est passe-partout et au mieux clichée. Les personnages sont des archétypes tout juste tirés du "petit-précis-du-scénariste-de-films-d'actions". Et pourtant... CA MARCHE. Ca marche grâce aux acteurs, qui sont ici l'essence de ce qui a fait la réussite de leurs carrières respectives :
- Nic. Cage en héros tourmenté légèrement fêlé du bulbe
- J. Malkovich en anti-héros sophistiqué et cruel
- John Cusack en good boy légèrement awkward mais doué
- Steve Buscemi en "monsieur-tout-le-monde" capable du pire
- Ving Rhames en flambeau de coolitude
- Danny Trejo en ... Danny Trejo (on va pas faire comme s'il jouait autre chose, hein, et on lui en demande pas plus non plus)
Alors, certes, si je veux du vintage John Cusack, je vais regarder Grosse Point Blank ou High Fidelity. Si je veux du Ving Rhames pur jus, je mets Mission Impossible ou Pulp Fiction. Envie de Malkovich ? allez, Being John Malkovich et ça passe. Un coup de The Big Lebowski ou de Fargo si je suis en manque de Buscemi...
Mais si je veux un Shot de 90s ? Alors je décolle avec cet équipage qui bat de l'aile mais qui me rappelle que pendant 1h40, je suis invincible : je suis la coolitude de Rhames, le compas moral de Cage et l'intelligence manipulatrice de Malkovich. Donc enjoy the ride. Baissez le dossier de votre siège et ouvrez un sachet de cacahuètes : Lors d'un vol, on demande pas l'inoubliable, mais qu'il passe vite. Et là, c'est le cas.