La fabrique du héros
Que Julianes Sturz in den Dschungel soit réalisé et raconté par Werner Herzog le tient écarté de tout pacte autobiographique et des lois qui le régissent ; aussi le postulat adopté par le long...
le 26 sept. 2021
4 j'aime
2
La méthode Herzog a ses limites. Et elle les atteint non pas quand elle croise un sujet précis, ou bien à force d'être utilisée dans la filmographie, mais plutôt quand — et ça me paraît donc très difficile à juger, à analyser — elle manque d'équilibre, que le jeu d'équilibriste où sont maniés premier et second degrés ne fonctionne plus, et qu'on se retrouve avec des moments franchement lourds, où tout le poids est retombé.
Concrètement dans Les Ailes de l'espoir, ce manque d'équilibre, je le retrouve dans le fait de mettre trop de mots dans la bouche de Juliane une fois qu'Herzog se rend compte qu'elle parle non pas une poétesse, mais comme une scientifique, et qu'il aura du mal à tirer d'elle les émotions attendues. Ou bien lorsqu'il compare plus qu'il ne faut sa vie de cinéaste à celle de la passsagère, romançant les deux, quitte à ce que le public n'y croit pas — « Il me semble vous avoir frôlé le bras à l'époque ». Ou encore quand il la fait rejouer méthodiquement tous les évènements en nous disant que beaucoup d'émotions sont ainsi remontées à la surface, alors que l'on contaste à l'écran qu'il n'en est rien.
Ce dispositif, c'est justement ce qui d'habitude m'attire chez Herzog. Car on pourrait croire qu'il mène en bateau ses personnages, joue avec elleux au second degré, alors qu'au contraire je pense la démarche sincère — premier degré —, puisqu'elle vise avant tout à comprendre les comportements humains (notamment dans des situations extrêmes). Quand je défends Herzog, je le défends un peu près de la même façon que l'émission Strip Tease. Le rapport premier/second degré inversé, l'accent sur l'humanisme.
Avec Les Ailes de l'espoir, j'ai l'impression de me retrouver en partie devant un échec de tournage qu'Herzog a cru pouvoir rattraper à l'aide de sa voix off habituelle de montage. Le sujet n'allait pas dans le sens voulu par le cinéaste, et plutôt que d'accepter cette inadéquation et de jouer avec, il semble vouloir faire rentrer son personnage dans son moule préconçu et ignorer le malaise qui pouvait s'installer du fait chez son public.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Notes sur un mouchoir de poche
Créée
le 1 févr. 2024
Critique lue 22 fois
D'autres avis sur Les Ailes de l'espoir
Que Julianes Sturz in den Dschungel soit réalisé et raconté par Werner Herzog le tient écarté de tout pacte autobiographique et des lois qui le régissent ; aussi le postulat adopté par le long...
le 26 sept. 2021
4 j'aime
2
Comme toujours avec Herzog, on prend une personne réelle ayant vécu des choses que nous, pauvres citadins mortels, ne pourront jamais envisager vivre en 3 vies. Ensuite, on choisit un environnement...
Par
le 7 déc. 2016
1 j'aime
Sympathique docu. Pourtant, au début, j'y croyais pas trop, je trouvais ça un peu mou, notamment à cause d'un concept peu convaincant. Et puis Herzog finit par secouer un peu son spectateur, à...
Par
le 5 avr. 2016
1 j'aime
Du même critique
[Mouchoir #43] Ce qu'il y a de particulier lorsque l'on ne rentre pas dans un film, c'est que le temps de la projection peut se transformer en tribunal de notre sensibilité ; où l'on se met à...
le 6 févr. 2023
7 j'aime
J’ai récemment relu la critique de zombiraptor sur Interstellar. « Qu’est-ce que ça vient faire là ? » me direz-vous. Eh bien, sa conclusion résume ma pensée ; le reproche fait à Nolan est qu’il ne...
le 3 févr. 2023
7 j'aime
Le projecteur éteint, tout le monde quitte la salle. Nous partageons tous ce même sentiment une fois dehors. D’un film, quelle qu’en soit sa nature, je n’en garde que quelques images, désordonnées,...
le 27 janv. 2018
6 j'aime