Quand l'Allemagne était encore divisée.
Dans Les Ailes du désirn Damiel et Cassiel sont deux anges survolant le ciel de Berlin afin de recueillir les pensées des mortels qu'ils croisent.
Ils ne font que les entendre et les juger de façon bien trop hâtive sans réellement les comprendre car ils n'ont pas d'émotions. Leur monde est sans couleurs tandis que celui des mortels passent du sombre à couleurs chaleureuses selon leurs pensées.
Mais, en croisant la route d'une trapéziste nommée Marion, Damiel se demande si la façon d'agir des anges est la bonne.
En regardant cette oeuvre, on pourrait imaginer que le mot "poésie" a été inventé pour ce film.
En effet, il n'y a pas de fil rouge le film préférant nous faire voyager dans les pensées et émotions humaines afin de nous mettre face à nos propres émotions positives avec la joie, le bonheur, le rire ou nos émotions négatives étant la tristesse, le malheur ou encore les pensées morbides.
Ainsi, on voit Peter Falk s'auto-interprétant dans un jeu d'acteur plein d'humour ou encore Bruno Ganz en Damiel perdu entre sa fonction l'interdisant de ressentir et l'envie de s'ouvrir à des émotions le fascinant.
De plus, Solveig Dommartin en Marion est toujours juste et authentique dans sa manière de représenter l'humain étant un être pouvant aussi bien apprécier les joies simples de la vie qu'être perdue dans une bulle de tristesse en se demandant si ses actes sont les bons choix à faire dans une existence où l'humain doit faire face à des difficultés déprimantes.
Les rôles secondaires et tertiaires, quant à eux, sont fascinants par le fait que leurs tirades et monologues font penser à des répliques de théâtre contemporain où philosophie sur la condition humaine et pensées sur les gens de nos entourages respectifs, ou que nous croisons brièvement, nous rappellent nous-mêmes dans nos propres quotidiens.
Mais ce qui donnent réellement à Les Ailes du désir son identité sont ses scènes contemplatives nous faisant voyager dans une ambiance proche de celle d'une longue berceuse ainsi que ses brusques changements visuels passant du noir et blanc aux couleurs selon les émotions des personnages et/ou figurants que le spectateur croise.
Que dire d'autre si ça n'est qu'il est difficile de parler de Les Ailes du désir et donner un avis sur ce dernier car il se raconte pas mais se vit puisqu'il parle indirectement de nous?
Tout ceci dans un ton doux-amer nous rendant tantôt gais et souriants que mélancoliques et tristes.
En gros, Les Ailes du désir est un film ayant tellement de qualités qu'il est difficile de lui trouver des défauts. Les seules choses qu'on peut réellement lui reprocher sont l'éternel cliché du "les enfants naïfs croyant au merveilleux voient ce que les adultes désillusionnés ne voient pas" (à savoir les anges invisibles) ou encore le personnage de Cassiel (interprété par Otto Sander) ne servant pas à grand-chose dans le récit. On peut également dire que certaines scènes ne sont pas très inspirées et répétitives, ce qui fait que le film est un peu trop long pour ce qu'il raconte/montre.
Néanmoins, ceci est plus du chipotage qu'autre chose et le film est vraiment une belle pépite ne laissant pas indifférent.
À voir!