Je crois que ce film est une ode aux Hommes et à leur condition. Deux anges parcourent la ville et posent un regard de compassion sur tous ceux qui leur passent devant. Ils ne portent pas ce fardeau humain de l'incommunicabilité, ils n'ont pas à assumer le poids de l'histoire des gens et les stigmates qu'elle laisse chez chacun. Ils entendent clairement les pensées des passants et tout le monde ainsi dévoilé semble devenir aimable.
Cette condition humaine, toujours vécue comme une aliénation, cette quête d'absolu et d'illimité des Hommes constamment heurtée, c'est un ange qui en parle ici, et qui porte lui un autre fardeau. «Parfois je suis las de mon existence d'esprit. J'aimerais ne plus éternellement survoler, j'aimerais sentir en moi un poids qui abolisse l'illimité et m'attache à la terre.» Ici, l'absurde n'épargne même pas les anges. Mais Damiel, comme contaminé, pense peut-être déjà alors comme un humain : il a éprouvé le désir.
Il va donc succomber à l'expérience humaine, à l'expérience sensible, qui constitue à la fois une damnation et un miracle. Lui, qui a tout vu mais qui est vierge de tout, et n'avait pas accès à la connaissance, va s'enthousiasmer de chaque couleur et de chaque sensation – même du sang qui coule de son crâne ouvert ou du froid qui le glace. Il a préféré le plaisir à la sagesse et la vie à l'immortalité. Rien n'est simple, la solitude guette, l'amour est un fuyard, mais Damiel a choisi de vivre. Et c'est peut-être ce choix qui donne tant de saveur à sa vie humaine, tandis que les Hommes n'ont pas eu ce luxe de l'autodétermination : « Nous sommes embarqués », conclut le film dans son dernier souffle.
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