Ce film en partie auto-biographique de Valeria Bruni-Tedeschi est une ode au métier d'acteur, à Patrice Chéreau et l'école des Amandiers, à l'année 1986. Le film commence par les sélections dans l'école. Des acteurs face caméra qui racontent et jouent leurs personnages, leurs doutes, leurs rêves, leurs angoisse. En trois minute de film, on est près d'eux, on leur fait corps. La lumière met en avant leurs yeux, la caméra leur soutient le regard, le miroir de l'âme, et nous plongeons dans leur histoire personnelle. En 10 minutes, les personnages sont présentés, la sélection est faite, la troupe des amandiers peut se former.
Après cette première partie intéressante, les cours à New York, et le travail avec Patrice Chéreau, le film délaisse la partie théâtre pour axer le récit sur des thématiques secondaires comme le SIDA ou la drogue. C'est important de parler de ces thématiques secondaires, mais la place laissée à la drogue est trop importante et gangrène le récit. Là où on devait créer une troupe de théâtre, on reste sur des individualités qui jamais ne feront corps et jamais ne feront troupe. Le postulat de départ était intéressant mais à la fin on se retrouve avec un film qui délaisse la partie qui était le plus intéressant, le théâtre et la mue de ses acteurs.
La photographie de Julien Poupard est irréprochable, il y a un choix de stratification pour faire évoluer les acteurs dans la profondeur qui est vraiment intéressant pour le théâtre et la compartimentation du jeu et des émotions. Les acteurs, Nadia Tereszkiewicz en tête qui ne cesse d'impressionner à chacun de ses rôles, font des performances exceptionnelles. Je regretterai juste dans le film que si la culture du viol était présente en 1986, elle ne soit jamais remis en question dans la réalisation d'un film de 2022.