Les Amandiers, en grande partie autobiographique, ne pouvait être autre chose qu'un portrait impressionniste d'un groupe de jeunes gens unis par l'amour du théâtre. C'est moins celui d'une époque que d'une bulle de privilégiés, même si on y parle du Sida, la vie privée de ses protagonistes venant malgré tout contrebalancer les nombreuses scènes de répétition, lesquelles, il faut bien le dire, ne suscitent qu'un intérêt distant. Et pourtant, il y a le personnage de Chéreau, joué sans trembler par Louis Garrel, qui vient mettre un peu de piment dans cette troupe dont Valeria Bruni Tedeschi a du mal à faire passer l'enthousiasme et la soif d'apprendre. Sur le plan intime, la réalisatrice cherche à donner de l'espace à chacun, à travers des histoires sentimentales et amicales, voire plus dramatiques (peu convaincantes) mais là encore il manque du dynamisme dans la mise en scène tout comme dans un récit qui se disperse sans nous attacher à un personnage plutôt qu'à un autre, le jeu inégal des différents acteurs renforçant en outre le manque d'investissement du spectateur. De Chéreau et d'os, le film permet tout de même de confirmer l'excellence de jeu de Nadia Tereszkiewicz dont le talent protéiforme devrait vite devenir indispensable au cinéma français. Elle a le redoutable privilège de camper la Valeria Bruni Tedeschi de cette période, déjà séductrice et agaçante (hum) et elle est vraiment épatante en jeune double supposée de sa réalisatrice.