Le premier long-métrage de Lorenzo Vigas, récompensé par le Lion d'Or à la Mostra 2015 n'est pas sans rappeler le film de Robin Campillo, Eastern Boys, lui aussi primé dans ce même festival par le prix du meilleur film, dans la catégorie Horizons en 2013. Selon une déclaration de Lorenzo Vigas, son film "se déroule dans le Venezuela d'aujourd'hui, marqué par la lutte des classes, mais cette même histoire pourrait se dérouler dans n'importe quel autre pays. C'est ce besoin absolu d'affection qui lie les deux personnages – un besoin que tous les êtres ont en commun." Le scénario ne s'attarde pas sur les histoires personnelles des principaux protagonistes. Beaucoup de non-dits. La photographie accentue le sentiment de solitude profonde du principal protagoniste. À ce sujet le réalisateur confesse : "nous avons filmé les scènes avec une mise au point imprécise et une profondeur de champs changeante, pour le faire apparaître et disparaître en fonction de ce qui l'entoure". Seuls, les acteurs, en premier plan, sont bien visibles. Perdus dans la confusion des rues de cette ville. Deux solitudes vont se rencontrer, s'apprivoiser pour finir par se détruire. Deux êtres à la dérive avec un point commun. La haine du père. Les sentiments paraissent plus forts que le côté physique. Les dernière images, cruelles, laissent le spectateur face à son propre jugement. Un film glacial qu'il est difficile de conseiller. Pour ma part une très grande réussite.