Belle et le clochard
Visconti était un indécrottable esthète. Même dans un tel film, tourné en décor naturel avec une évidente économie de moyens, il parvient (c'est plus fort que lui) à travailler ses plans, ses...
Par
le 5 oct. 2013
41 j'aime
6
Voir le film
Les amants diaboliques représente l'inauguration d'un nouveau courant (première pierre de cette importante construction) offrant une autre forme d'appréhender la réalité, de la représenter: le néo-réalisme.
Quelles en sont les marques? Visconti s'attache aux temps de misère de son époque, comme le racontait avant (avec toutefois moins d'intensité dramatique que son aîné, car il faut reconnaître la jeunesse de celui qui deviendra seulement plus tard l'un des meilleurs cinéastes avec La terre tremble, Le voleur de bicyclettes ou Rocco et ses frères entre autres ) Dostoïevski auquel il fait inévitablement penser (celui de Crimes et Châtiments surtout, pour l'immoralité justifiée des personnages et leur cas de conscience), mais aussi à un autre écrivain réaliste, Flaubert, plus particulièrement celui de Mme Bovary bien sûr (pour l'idylle entre Gino et Giovanna, l'obsession de cette dernière) et encore de Bouvard et Pécuchet (pour l'amitié suspecte entre l'Espagnol et Gino). N'oublions pas toutefois que le film est d'abord librement adapté du roman de James Cain, Le facteur sonne toujours deux fois.
Visconti dépeint donc la misère sociale de son temps mais aussi la misère émotionnelle, la solitude profonde dans ce pays éloigné, sentiments qui conduiront au crime. Jeune et fougueux, tournant le dos à ses origines aristocrates, il travaille avec l'honorable et courageuse volonté de montrer ce qu'on n'ose dire à l'époque (adultère, oppression policière, meurtre vénal, …), raison pour laquelle le film fut aussitôt censuré. Il brosse ainsi le tableau social des petites gens (serveurs de trattoria, vagabonds, saltimbanques, danseuses prostituées, …) vivant souvent à la marge, du peuple pour employer un mot vulgaire pour certains, celui qui est le fondement de son pays – acte plus patriote que n'importe lequel d'un despote.
Bien qu'il n'affiche pas encore la maîtrise de ses œuvres suivantes, Visconti a le mérite de lancer quelque chose de nouveau puis de s'entourer de ceux qui deviendront de grands noms du cinéma en prenant son relais. Les amants diaboliques, derrière la sulfureuse histoire d'amour qui accroche, est un acte de dénonciation, un tableau noir et sans concession d'une époque misérable qu'il ne faut pas oublier.
Créée
le 28 juil. 2018
Critique lue 283 fois
3 j'aime
D'autres avis sur Les Amants diaboliques
Visconti était un indécrottable esthète. Même dans un tel film, tourné en décor naturel avec une évidente économie de moyens, il parvient (c'est plus fort que lui) à travailler ses plans, ses...
Par
le 5 oct. 2013
41 j'aime
6
Sept 2009: Un des premiers films de Visconti, si ce n'est le premier, mais le cinéaste italien montre là déjà toute l'étendue de son talent de narrateur par l'image. Le début du film est d'une force...
Par
le 23 mars 2013
6 j'aime
Les Amants Diaboliques reste un film culte pour plusieurs raisons. C'est d'abord le premier long-métrage de Luchino Visconti, brillant assistant de Jean Renoir avant que n'éclate la Seconde Guerre...
Par
le 2 mai 2024
3 j'aime
Du même critique
Reconnaissons d'abord le mérite de Luca Guadagnino qui réussit à créer une ambiance - ce qui n'est pas aussi aisé qu'il ne le paraît - faite de nonchalance estivale, de moiteur sensuelle des corps et...
Par
le 17 janv. 2018
30 j'aime
1
Comédie romantique de ciné indé, au ton décalé, assez girly, un peu cheesy, pour grands enfants plutôt que pour adultes, bien américaine, séduisante grâce à ses acteurs (Saoirse Ronan est très...
Par
le 18 janv. 2018
26 j'aime
2
Pedro Costa soulève l'éternel débat artistique opposant les précurseurs de la forme pure, esthètes radicaux comme purent l'être à titre d'exemple Mallarmé en poésie, Mondrian en peinture, Schönberg...
Par
le 25 mars 2020
11 j'aime
11