I'm so excited ! Le nouveau Almodovar sur les écrans, fait comme d'habitude mouche sur les entrées en France. "G.I. Joe" s'est fait rétamé face à Almodovar qui nous revient avec une sympathique et délirante comédie qu'on attendait plus, et dont on espérait plus finalement. Ces derniers films avaient tendances à nous faire pleurer. Ces bien gentils les petits drames familiaux-amoureux qu'il nous a donné à voir depuis Volver, mais ce qu'on aime chez Almodovar, c'est surtout ses Talons Aiguilles, ses femmes au bord de la crise de nerf, son labyrinthe des passions.
Les amants passagers nous offre donc sur un plateau repas une comédie avec homosexuels délurés, pilotes d'avion mariés et infidèles, femmes nymphomanes et dominatrices, vierge immaculée et histoire d'amour entre star et belle minette. Bref une des parfaites combinaisons gagnantes dont Almodovar a le secret.
Si le nom de Penelope Cruz et Antonio Banderas sur l'affiche vous attirez, ne soyez pas déçu. Même s'ils ne font que l'ouverture du film, Il ne sont là que pour vous servir une de ces pittoresques scènes hurluberlue qu'on adore. Et l'histoire peut commencer : parce que Jessica est enceinte, Léon n'a pas retiré les cales de l'avion, du coup les pilotes de l'avion doivent atterrir en urgence, donc les stiwarts doivent droguer les passagers, Ricardo doit téléphoner à son ex par erreur parce que sa femme va se suicider et la voyante fantasme sur une lampe torche pendant que Norma se plaint et que le couple de jeunes mariés somnolent. Tout est clair comme de l'eau de roche car le but est de ne pas se prendre la tête et de décompressé un peu face à la situation économique de l'Espagne. Tout en subtilité, une certaine vulgarité s'installe progressivement dans l'histoire. On embarque avec plaisir, si on ne s'attendait pas à autre chose qu'une petite fantaisie d'Almodovar réalisée par desous la jambe.
Le huit-clos dans l'avion est rondement mené, avec uniquement les personnages de la première classe qui sont tous atypiques et abracadabrantesques. On y voit en plus une petite critique sur les compagnies aériennes. Peninsula : le nom choisit par Almodovar est équivoque. Dans son avion, on fait d'un enfer le voyage en seconde classe et une asile de fou pour la première. Des aéroports neufs pullulent en Espagne mais pour des raisons d'arnaques financières, ils sont abandonnés et gisent inutilement là où tous les autres réseaux aériens sont saturés. Ironie du sort, l'avion tourne en rond dans les airs ne sachant où se poser. Une situation économique de l'Espagne utilisée en trame de fond pour porter les personnages richissimes, égoïstes et orgueilleux de la première classe. Un vol qui fait effet de psychanalyse sur chacun des personnages. Les stiwarts homos ne relève guère le niveau face à leurs passagers car si ce n'est pas à l'argent auquel ils pensent, c'est définitivement au cul et à l'alcool.
Difficile d'en dire plus s'en révéler tous les retournements du film. (Car oui, il y a encore plus : avec Almodovar il y a toujours une histoire de meurtre avec) Mais on peut avancer, sans trop gâcher le film, qu'Almodovar fait honneur aux couleurs chaudes auxquelles ils nous avaient habitués esthétiquement dans ses précédents films. Du rouge, du jaune, de l'orange, des cocktails... Le cadre désaxé tente à faire planer le spectateur, et la vidéo, par son côté « image de film érotique », ne nous fait pas regretter la pellicule. Le montage est rythmé par le débit des dialogues sans queue ni tête des personnages, une parole salvatrice pour eux, et se permet même un avant-goût de comédie musicale. Almodovar sait faire honneur au disco et nous faire prendre conscience, à nous spectateurs, de la chose la plus importante du XXIeme siècle : les Pointer Sisters auraient dûes être gays.
Le vol ne vous paraitra pas assez long car les surprises et pirouettes sont au rendez-vous. Certes, il ne sera peut-être pas d'avis pour tous d'assister à une des meilleures orgies organisées en plein air. Mais la caricature des personnages est utilisé à son paroxysme du loufoque et ça, ça vous arrachera un sourire malgré tout. "Les amants passagers" un film qui a des « corones ».
Mais le culot, ça passe ou ça casse.