Les Amants passionnés par Maqroll
Septième film de David Lean, honnête artisan roublard qui a su tout au long de sa carrière trouver le succès populaire, Les Amants passionnés a souvent été comparé à Brève rencontre, en raison de la présence de Trevor Howard au générique et du thème de l’adultère. Signalons tout de suite là une imposture, entretenue de surcroît par la mauvaise traduction du titre en français. The Passionate Friends, les amis passionnés, deviennent (par la grâce d’un tour de passe-passe effectué pour des raisons commerciales) des amants passionnés… Le sujet est ainsi déplacé de la relation entre un mari et sa femme vers celle entre la femme et son amant. La première heure du film, qui développe d’ailleurs cette dernière relation, s’étire interminablement dans des scènes répétitives où l’on se console en admirant de très beaux paysages… La dernière demi-heure apporte enfin une épaisseur psychologique au récit en recentrant sans ambiguïté le propos. L’interprétation est inégale entre Ann Todd, fade et sans saveur, Trevor Howard solide mais peu charismatique et Claude Rains, magistral dans le rôle du mari, dont il montre peu à peu toutes les facettes et qui se révèle finalement surprenant d’humanité. C’est bien lui le véritable héros de cette petite fable moraliste qui ne laissera cependant pas un souvenir impérissable dans la filmographie de David Lean.