Les Âmes Vagabondes est un film éminemment philosophique sur l'alien-ation. Vous ne le croyez pas ? Allez voir ce film, vous serez surpris par son aridité intellectuelle, fidèle transcription du grand vide intersidéral qui engloutissait déjà le livre originel dans les confins de l'hyperespace.
En effet, le film commence d'abord par un clin d’œil kantien : un plan de ciel étoilé. "Ciel étoilé au dessus de moi, loi morale en moi" était-il écrit dans La Critique de la Faculté de Juger. On comprend alors tout de suite que le film va traiter de la progressive intériorisation du concept de la loi morale par une chenille phosphorescente de l'espace. Tout un programme. La chenille, à poils longs et lumineux, est dotée d'une conscience à priori du monde qui l'entoure, mais elle va découvrir la multiplicité de l'expérience à posteriori après avoir été injectée dans le corps d'une adolescente blonde dont la conscience est restée coincée. Les autres chenilles ont une conscience cartésienne des humains qu'elles contrôlent : ce sont des animaux-machines juste bons à leur propulsion. Cartésiens VS Kantiens. Joli programme.
Mais malheureusement, passées ces premières minutes, on comprend que cet intéressant postulat philosophique ne pourra pas durer, car Stephenie Meyer, la mormone au grand cœur et aux millions de livres vendus est derrière tout ça. Qui dit Stephenie Meyer dit : personnage féminin avec des pulsions suicidaires qui donne des coups de poings quand on l'embrasse, un triangle amoureux avec deux ex-mannequins, une voix-off insistante (c'est pas parce que le personnage est schizophrène qu'il faut qu'elle se réponde à haute voix pour bien différencier les deux personnalités), des voitures de sport métallisées, des personnages avec des yeux de couleur bizarre, des déserts et une Némésis féminine relou, mais méchante malgré elle. Seule différence notable : celui-ci est soit disant adapté d'un livre "adulte" donc ils couchent avant le mariage et il n'y a pas de chansons de Muse.
Post-apocalyptique sous lexomil, avec des méchants aliens en pyjamas blancs, ce film perd très vite toute tension : la majeure partie du film se passe dans une caverne en résine. Un autre clin d'oeil lourdaud à l'allégorie caverne platonicienne ? Dès son arrivée en effet, les survivants veulent leur consœur parasitée qui a vu la lumière de la bordure extérieure. Mais heureusement tout se calme très vite et tout le monde va aller cambrioler des supermarchés avec que des conserves sans étiquette. Car c'est bien connu, les aliens haïssent le marketing .
Ce film est donc une apologie du vol et de la clochardisation. Prenant une grotte pleine de vers luisants pour un ciel étoilé, la loi morale ne pouvait qu'être dévoyée, et ce n'est pas l'improbable happy end qui devrait le faire oublier.
Moralité : N'oubliez pas votre vermifuge, avant et après la séance.