Gérard Favier, compositeur connu, et son épouse filent le parfait amour depuis près de vingt ans. Et Louis Jouvet et Renée Devillers de former un couple atypique (dans le cinéma de l'époque) par sa complicité conjugale spirituelle, son côté bohème, sa modernité (l'écriture de Jeanson n'y est sans doute pas étrangère). Mais l'inséparable duo pourrait être menacé lorsque Favier joue les Pygmalion d'une jeune pianiste (Dany Robin) interprétant ses oeuvres avec talent. Entre le compositeur et la jolie soliste s'instaure une estime artistique et affective. Favier résistera-t-il à la tentation?
C'est le sujet du film d'Henri Decoin, qui parle d'adultère de façon subtile, elliptique, bien éloigné du mélodrame ordinaire. Si Decoin donne l'impression de s'égarer parfois en digressions, c'est bien précisément parce que la relation de couple entre Favier et sa femme est l'intérêt principal du sujet, bien davantage que les contingences familiales de la jeune Monelle. L'originalité et la qualité des deux personnages sont déterminants dans un comédie sentimentale qui pourrait toutefois tourner mal.
Louis Jouvet est, comme toujours, brillant, pour ne pas dire essentiel dans la valeur du film; il est en quelque sorte sa valeur ajoutée. Il incarne ici -et ce ce n'est pas si fréquent au cinéma le concernant- un homme positif, c'est à dire dépourvu du cynisme ou de la froideur qui le caractérisent souvent, un homme d'âge mûr peut-être piégé par les affres d'une passion tardive.