La fille qui court
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le 16 sept. 2021
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Au moins, s'il y a quelqu'un qui a bien fait son boulot, c'est celui ou celle qui s'est occupé de la bande-annonce. Fraîche, drôle, pleine d'allant, elle promettait un charmant marivaudage en bonne compagnie. Seulement, ce qui fonctionne sur deux minutes est beaucoup moins probant sur 98. Quasiment dès la première scène, j'ai compris que ce serait compliqué. Anaïs est dans son monde, va à 100 à l'heure, n'écoute pas, ne pense qu'à elle, prend complètement par-dessus la jambe des sujets très importants
(la scène où elle évoque son futur avortement est à la fois peu crédible tout en la rendant assez antipathique),
si bien que pour moi, le relationnel a vite été difficile.
Surtout, c'est tellement... bobo. Passionnément bobo. Paris, les beaux appartements, les châteaux, le milieu culturel, les livres, les écrivains, John Cassavetes au cinéma... Loin de moi l'idée d'avoir un problème avec ces aspects pris séparément : au contraire ! Et je suis le premier à trouver que le social juste pour faire du social, c'est chiant. Mais bon, à qui s'adresse ce film ? Qui va réellement être touché par cet entre-soi où notre héroïne passe son temps à faire des choix aussi grotesques qu'incompréhensibles tout en retombant toujours miraculeusement sur ses pattes, et ce sans aucune raison réellement valable ?
Oui, mais vous comprenez : tant pis si elle est parfois désagréable, indifférente, menteuse voire méprisante : elle AIME LA VIE ! Mieux : elle est A-MOU-REU-SE ! Donc ça change tout ! Tout va bien dans le meilleur des mondes, et Anaïs deviendra un modèle de liberté, d'émancipation pour le parisien se cultivant et allant dans les salles obscures (mais pas pour voir les superproductions américaines, faut pas déconner!). Après, je ne dis pas : c'est assez joliment filmé, éclairé, Anaïs Demoustier est dans son élément, Valeria Bruni-Tedeschi également.
Reste qu'à force d' « idéaliser » cette protagoniste, certes intelligente, mais terriblement superficielle et irresponsable, un décalage de plus en plus grand se créée, nous rendant indifférent à cette « histoire d'amour » qui, dans d'autres mains que la bien-nommée Charline Bourgeois-Tacquet, aurait sans doute pu être touchante. Pour vous la faire courte : je n'ai pas trouvé ça très intéressant et ai un peu eu l'impression, à l'image de sempiternelles scènes inutilement longues, de perdre mon temps. Avec élégance, avec des gens parlant bien, ayant le sens de la conversation et dont j'aurais pu être, le temps d'une soirée, charmé par la culture. Dommage que cette heure et demie ait involontairement témoigné du peu d'intérêt qu'ils avaient.
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le 9 oct. 2021
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