Nos amours imaginaires

Oui, décidément, Xavier Dolan est talentueux. Avec un sens toujours aussi aigu de l'image et du dialogue, Dolan s'attaque au thème le plus universel qui soit, les amours impossibles.
Après ce premier film, J'ai tué ma mère, ce n'était pas évident. Difficile de transmettre autant d'authenticité que dans son premier film, forcément sincère car autobiographique. Mais il est très doué, le p'tit. Mal-aimé au Canada, mais très doué. Très élégamment, Xavier Dolan fait évoluer avec finesse les relations entre ses personnages, figures hautes en couleur que l'on suit volontiers dans cette spirale si tendre et si amère. Les quelques lourdeurs du film et ce léger narcissisme n'en sont pas moins touchants, d'autant que Xavier Dolan maîtrise son sujet: heureusement, il ne se contente pas d'un simple parti pris esthétique et d'une amourette superficielle. Parfois grinçante, cette histoire fait le portrait délicat de personnages tourmentés et finalement assez fascinants.
Reste maintenant à voir si cette puissance émotionnelle, habilement dissimulée ça et là dans ces deux premiers films, éclot bel et bien dans "Laurence Anyways", son meilleur succès critique, qu'il me tarde de voir. Et reste à voir si le reste de son oeuvre confirme ces très jolis coups d'essai. Rendez-vous début avril pour Tom à la ferme, maintenant que sa trilogie des amours impossibles est close.