Un amour bien réel, pour Xavier Dolan
Xavier Dolan c'est mon réalisateur préféré, j'ai vu plusieurs fois l'intégralité de sa filmographie et j'ai eu envie d'écrire une critique sur Les Amours Imaginaires qui reste mon grand favori. Encore une fois, le réalisateur devient acteur et partage le rôle principal avec la magnifique Monia Choukri dans ce film au ton plus léger que le précédent, le tonitruant J'ai Tué Ma Mère. C'est un film triste et drôle à la fois, réel en fait, on se reconnaît dedans, notamment grâce à cet air de faux documentaire qu'il a choisi de lui donner, avec ces passages de confessions face caméra qui contribuent à la sincérité de la réalisation. Cependant, comme toujours chez Xavier Dolan, cette peinture de ce qu'on pourrait appeler la 'dure réalité', se voit donner de la couleur par des procédés qui sont devenus sa signature. Je parle ici du ralenti, extrêmement maîtrisé et qui sert à décupler l'émotion d'un personnage comme par exemple la déception qui submerge Monia Choukri alors qu'elle allume sa cigarette, le regard tourné vers cet amour auquel elle a de plus en plus de mal à croire. Je me dois aussi de noter les citations musicales, si chères à Dolan, elles font toujours partie intégrante de ces films. En l'occurrence, il m'est impossible de parler des Amours Imaginaires sans évoquer tout d'abord Bang Bang, la version de Dalida, qui apparaît dans la bande annonce et à plusieurs reprises dans le film et qui lui donne un aspect mélancolique, dans la scène la plus célèbre (celle dans laquelle ils se préparent beaucoup trop pour un simple rendez-vous dans un café), qui sépare un peu plus les deux personnages, si loin et pourtant si proches, dont l'amitié s'effrite au fur et à mesure qu'ils tentent de s'attirer les faveurs du beau Nicolas. J'aimerais aussi parler de la scène de fin, qui ne serait surement pas la même sans 3ème Sexe d'Indochine qui apparaît après un 'faux silence' et une autre belle utilisation du ralenti. Ici encore, la chanson n'est pas qu'un bruit de fond, elle fait partie intégrante du dialogue, comme si elle nous disait tout ce que Nicolas aurait du dire à Francis et Marie au lieu de jouer avec eux pendant bien trop longtemps ('J'ai pas envie de la voir nue, j'ai pas envie de le voir nu'). Nos deux protagonistes sont à nouveaux réunis, jusque dans les vêtements qu'ils portent, rouges, couleur de l'amour mais aussi de la colère. C'est seulement quand Nicolas arrive à la fête que la musique devient fond, comme si lui, était toujours dans le mensonge, espérant en allant les saluer, que le petit jeu malsain auquel il jouait recommence. Je pourrais m'attarder des heures sur la musique, qui tient presque un rôle de personnage mais je vais simplement conclure en faisait une brève synthèse. Dolan, Choukri et Schneider sont excellents, le film est d'une beauté incroyable (ces couleurs pendant les scènes d'amour, le ralenti déjà évoqué, les plans parfaitement maitrisés..) et le scénario, bien que simple, peu toucher n'importe qui. A voir si vous aimez Dolan ou souhaitez le découvrir...