Découvert en deuxième position dans mon épopée dolannienne, c'est après J'ai tué ma mère, que j'avais littéralement adoré, que j'ai vu Les Amours Imaginaires. Partant de la simple chronique d'une fille et d'un garçon, meilleurs amis, tombant amoureux du même garçon, c'est avec des références à gogo et une esthétique hors du commun que Xavier Dolan signe son deuxième film, ode à l'amour et à l'amitié. Marie, habillée comme une femme des années 50 d'une robe à la Wong Kar Wai dans In the mood for love et se coiffant sur le très chic Bang Bang de Dalida en italien, aime Francis, son meilleur ami, fan d'Audrey Hepburn et offrant des pulls orange. Tous deux aiment Nicolas, ses lunettes en coeur dignes de Lolita de Kubrick, son visage de statue grecque et son ambigüité. Des scènes de confessions d'inconnus sur leurs vies amoureuses ponctuent le film, comme les confessions d'Hubert dans sa baignoire ponctuaient le film précédent, et apportent une sorte de deuxième film très agréable. La plus belle scène du film est sans doute celle où, invités à l'anniversaire de Nicolas, Francis et Marie, assis sur un canapé, observent l'objet de leurs désirs danser avec "Désirée", sa mère, sur le très chic Pass This On de The Knife, au rythme des lumières stroboscopiques et des dessins de statues grecques. Ici, plus que de cristalliser une société bob, hipster et compagnie où "anachronique", "manichéen" et dialogues Nouvelle Vague sont légion ("Allô, c'est Marie, j'suis malade. Allô c'est malade, j'suis Marie"), Dolan dépeint ici les moeurs des jeunes, qui s'aiment, se le disent, le cachent aux autres et à eux-mêmes.