Quinze ans déjà que Harry Potter et son école de sorcellerie ont débaroulé sur nos écrans, et cinq ans maintenant qu'il a tiré sa révérence. Si la quête de l'apprenti-sorcier le plus célèbre de la dernière décennie est arrivé à son terme, l'univers fantastique imaginé par J.K. Rowling lui, semble sans limites, et indéfiniment monnayable. Pour preuve, la mise en chantier d'un film entier consacré aux Créatures Fantastiques, et basé sur un livre de moins de 100 pages qui tient plus du répertoire non-exhaustif que d'un pan d'histoire à proprement parler.
Le bestiaire en question avait pourtant de quoi générer une intrigue indépendante... Mais là où une traque à travers le monde - comme le laisse suggérer le titre original : Fantastic Beasts and Where to Find Them - en forme de biographie de l'intriguant Norbert Dragonneau (campé par Eddie Redmayne) aurait revêtu un intérêt certain, on a finalement droit à une sorte de gigantesque chasse aux Pokémon dans le New-York des années folles, sur fond de tensions entre le monde des Sorciers et celui des Moldus, rebaptisés ici Non-maj' (???). Et tandis qu'un obscur mouvement anti-sorcier tout droit sorti d'un film de monstres répand sa propagande dans les rues de Big Apple, une menace plus terrible encore guette et enfle dans l'ombre... avec beaucoup d'embarras.
Car si tout le pan concernant Dragonneau et ses créatures effectivement fantastiques - et même très attachantes - est rondement mené, on aurait préféré que l'intrigue se concentre sur eux au lieu d'aller se perdre dans une histoire secondaire absconse censée lever le voile sur ce qui tiendra de fil rouge pour le reste des films à venir. Opus introductif donc, Les Animaux Fantastiques s'éloigne trop souvent de son sujet principal, pour aller se mêler douloureusement aux manigances brouillonnes de la scène politique magique. Trop de personnages dont les noms et fonctions sont balancés sans préambule et sans âme. Trop de références avancées presque en douce et qui finalement, pour beaucoup d'entre elles, passent à la trappe. La sensation de recherche, laborieuse, d'une histoire avec de "vrais" enjeux est tellement pressante qu'elle en devient dérangeante, et dommageable au film qui ne trouve pas de vraie dynamique d'ensemble, lestée par ce pan incomplet, hésitant entre conquête d'un nouveau public et fan-service.
Clairement, le film n'aura pas comblé mes attentes, même s'il se suit sans réel déplaisir - malgré une introduction très longue et des soucis de rythme - avec quelques séquences de pure magie, incroyablement ludiques, et une attention portée aux effets spéciaux qui force l'admiration. Visuellement, c'est canon. Et les interprètes sont plus que largement à la hauteur, avec des side-kicks presque aussi chouchoutés que les "héros". La visite de la réserve personnelle de Dragonneau est un enchantement de tous les instants, hélas trop fugaces...
Demeure un résultat très mitigé, entre retour à l'émerveillement et quête pénible d'un prédécesseur crédible, aussi sombre et menaçant que l'était Voldemort. Je ne sais qu'en penser quant aux films à suivre. Je ne sais qu'en attendre non plus...