En 2011, la saga Harry Potter se clôturait après 10 ans d’existence. Une décennie entière durant laquelle nous avions littéralement voyagé dans un univers enchanteur, attachant et intemporel, au point de nous faire verser notre petite larme une fois l’ultime générique de fin entamé. En 2016, l’auteure J.K. Rowling et la Warner Bros. remettaient le couvert avec Les Animaux Fantastiques, pour nous replonger dans cette magie… et récolter au passage quelques sous qui devaient leur manquer ! Bien que l’aspect commercial de l’entreprise n’était pas dissimulé et malgré quelques faiblesses scénaristiques, quel fut notre bonheur de retrouver le monde des sorciers via une nouvelle aventure fort plaisante et des personnages attachants ! En s’attaquant à l’adaptation de son livre dérivé de la saga Harry Potter, Rowling nous posait les bases d’une toute nouvelle série qu’il nous tardait de suivre sur grand écran. C’est pour cette raison que la suite, intitulée Les Crimes de Grindelwald, se faisait attendre. Et c’est également pour cela que la douche froide n’en est que plus perturbante…


Encore aujourd’hui, à plus d’un mois après sa sortie en salles, je ne comprends toujours pas comment on en a pu arriver à un tel niveau d’amateurisme… surtout de la part d’une équipe ayant pourtant de la bouteille avec l’univers des sorciers. Rappelons que le réalisateur, David Yates, outre le précédent opus, c’est également occupé de tous les films Harry Potter depuis L’Ordre du Phénix. Rappelons que les producteurs David Heyman et Steve Kloves (qui a été scénariste sur tous les films de la première saga, sauf le cinquième) ont jusque-là permis à ce que les long-métrages nous soient présentés avec fière allure. Et rappelons que depuis Les Animaux Fantastiques premier du nom, c’est J.K. Rowling elle-même qui détient les rênes, au point de scénariser les aventures de Norbert Dragonneau. Ajoutez à cela quelques noms prestigieux du milieu hollywoodien – Colleen Atwood aux costumes (d’ailleurs oscarisée en 2017 sur le premier opus), James Newton Howard à la musique – et un casting attrayant, aucune raison que cela flanche, surtout après une entame pour le moins réussie ! C’est pourtant ce qui arrive avec Les Crimes de Grindelwald


Autant le dire de suite, le film n’est pas mauvais, loin de là ! Il aurait encore été plus étonnant que ces Animaux Fantastiques 2 ne suivent pas la route tracée par son aîné question technique. Nous proposant pour le coup des décors toujours aussi somptueux. Des costumes agréables à regarder. Et des effets spéciaux une fois de plus enchanteurs, proposant tout un lot de nouvelles créatures (bestiaire tout de même moins fourni qu’auparavant, j’en conviens) et de séquences magiques faisant leur petit effet (la foire parisienne, le climax…). Sans oublier la musique de Howard, touchant toujours au but. De ce côté, Les Crimes de Grindelwald s’en sort comme ses prédécesseurs, à un détail près : la photographie du film. Celle-ci se montre bien étrange, proposant des plans qui n’ont par moment aucun sens, aucune raison d’être. Comme si le directeur Philippe Rousselot (le même ayant pourtant opéré sur le volet précédent) n’avait pas eu le temps de s’organiser et qu’on avait pris au montage ses travaux les moins convaincants. Telle la première apparition de Norbert, le personnage étant un coup en gros plan, à moitié coupé par les bords du cadre. De l’autre filmé de travers, limite flouté. C’est sans doute pour exprimer son état d’esprit à cet instant du film, mais le rendu reste étrange, voire grossier. L’évasion de Grindelwald illustre aussi ce fait, en se présentant comme une séquence d’action un chouïa bordélique. Ce qui est dommage, le long-métrage proposant tout de même des séquences qui ne doivent leur génie qu’à l’œil de Rousselot. L’exemple le plus flagrant étant le « tête-à-tête » entre Grindelwald et un bébé, scène étonnemment violente et puissante dans son exécution. Non, le problème des Crimes de Grindelwald provient principalement de deux faits navrants.


Le premier se faisait déjà ressentir sur le précédent opus : J.K. Rowling a beau être l’auteure de cet univers et donc le connaître par cœur, elle n’est pas une scénariste pour autant. Si l’écriture rapproche ces deux métiers, l’application n’en est que plus différente. Et sur Les Animaux Fantastiques, on sentait un peu cette faiblesse de Rowling. Si elle avait réussi à présenter de nouveaux personnages attachants, brosser de nouvelles intrigues intrigantes (notamment celle de Croyance) et apporter de nouvelles thématiques intéressantes (la romance entre une sorcière et un Moldu, surtout à une époque plus réfractaire sur la question), elle ne pouvait échapper à certaines maladresses. Comme des changements de tons brutaux et inadaptés, ou encore des répliques téléphonées. Ici, elle s’empêtre dans une entreprise bien trop grande et ambitieuse pour elle. À savoir adapter un recueil (un livre style encyclopédie dérivé de la saga principale, de moins de 100 pages) en cinq films (et non trois comme c’était initialement prévu). Avec cela en tête, on se retrouve avec le même syndrome que Le Hobbit, et notamment La Bataille des Cinq Armées : le long-métrage n’a rien à raconter. Pire, il se noie dans une complexité affolante, en nous balançant à la figure de multiples intrigues secondaires sorties d’un chapeau (on se perd vraiment à essayer de raccorder les wagons avec tous ces personnages qui apparaissent/disparaissent comme ça) pour finalement n’être qu’une banale bande-annonce pour la suite. En clair, il n’y a pas d’enjeu concret, pas d’action à proprement parlé et pas d’intérêt. Juste un long et ennuyeux bal des protagonistes qui s’achève sur un « ennemi préparant sa guerre ». C’est tout… Et, qui plus est, fait ce qu’avait pourtant éviter le premier volet : se rattacher à la saga Harry Potter. L’intérêt même des Animaux Fantastiques était de nous présenter une nouvelle aventure dans les mondes des sorciers. Avoir des références était certes évident mais ces dernières restaient minimes et suffisantes (comme Howard reprenant deux fois et discrètement le thème musical de John Williams). Bref, d’avoir une nouvelle saga totalement indépendante. Les Crimes de Grindelwald fait malheureusement la nique à cela et assume grossièrement son lien à la série principale en s’y attachant pleinement (l’importance de Dumbledore et de tout ce qui entoure le personnage, les visuels de Poudlard, la séquence de l’Epouvantard, la présence de Nagini dans l’histoire…), faisant perdre à celle nouvelle saga son charme et ses origines. Mettant littéralement de côté les fameuses créatures éponymes. Un fait qui se voit directement dans le titre « Les Crimes de Grindelwald » étant bien plus mis en avant que « Les Animaux Fantastiques ».


Le second se traduit par une partie de l’équipe du film, qui s’est bien trop reposée sur ses lauriers. Notamment David Yates, qui semble être blasé par tout cela (le bonhomme réalise des films pour la saga depuis maintenant 11 ans) en oubliant d’ajouter ne serait-ce qu’une once de souffle épique, de magie à l’ensemble. Le long-métrage en manque cruellement, que ce soit par les rares séquences d’action ou la moindre apparition des créatures. Et pour un film exploitant le monde de Harry Potter, c’est un comble de taille ! Mais c’est surtout le casting qui déçoit. Alors qu’on se faisait une joie de retrouver ces personnages que nous avions précédemment appréciés, la déception est immense tant ils se montrent ici inexistants. Dès leurs premières secondes à l’écran, ils n’ont plus le même charisme, le même tempérament. Ils ne sont que des protagonistes lambdas qui semblent avoir perdu toute caractérisation et toute logique, tant les comédiens (Eddie Redmayne, Katherine Waterston, Dan Fogler, Alison Sudol, Ezra Miller…) paraissent beaucoup moins impliqués dans leur rôle respectif. Bien loin des prestations plus investies de Jude Law (qui campe un convaincant Dumbledore) et Johnny Depp (qui ne semble pas s’être autant amusé dans un film depuis belle lurette). Navrant…


Sans l’ombre d’un doute – du moins pour ma part – la déception de l’année… Ces Animaux Fantastiques 2, je l’attendais avec impatience, dans le but de retrouver ces personnages et cette magie si chère à la saga dans son intégralité. Et au final, on nous livre un blockbuster sans âme ayant perdu au passage le charisme de ses protagonistes et son ambiance enchanteur. C’est la première fois depuis L’École des Sorciers que l’œuvre cinématographique de Rowling me déçoit à ce point, diminuant mon engouement pour Les Animaux Fantastiques pourtant bien présent avec le premier volet. Là, je ne suis plus autant pressé de découvrir la suite des aventures de Norbert Dragonneau, étant devenues insignifiantes à mes yeux. Il faudrait que Rowling passe la main à quelqu’un de plus expérimenté scénaristiquement parlant, et que David Yates lâche l’affaire pour laisser la place à un nouveau réalisateur (et à sa vision du monde des sorciers). Afin d’avoir un troisième opus qui ne soit pas aussi vide et interchangeable. Mais comme tout a été planifié pour cette saga, qui devrait d’ici peu poursuivre son tournage, c’est impensable. Ne reste plus qu’à espérer que l’équipe se rende compte de ses erreurs via les critiques (dans l’ensemble négatives) et les recettes au box-office (le plus mauvais score de la saga, en-dessous des 789 millions de dollars du Prisonnier d’Azkaban) et corrige cela pour 2020.


Critique sur le site https://lecinedeseb.blogspot.com/2019/01/rattrapage-2018-les-animaux.html

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