Mettre des mots sur les images, ou plutôt des images sur les mots, c'est ce que fait Annie Ernaux dans Les années super 8. Une décennie racontée, retrouvée grâce aux pouvoirs de la pellicule, qui lointaine soit elle, se regarde au présent. De ces images capturées entre 1971 et 1981, surgissent les marqueurs et les témoins d'une époque en plein bouleversements économique, politique et social. La construction de villes nouvelles ou l'émergence du tourisme de masse, entre autres. Derrière ce contexte, se dévoile le portrait d'une femme, de sa famille, de ses enfants, de son mari Philippe. Des fragments de vies et d'histoires personnelles. Ernaux décrit ses nombreux voyages, au Chili, au Maroc, en Espagne, au portugal, à Londres et dans les rouages communistes de l'Albanie et de l'URSS. Elle se remérore les lieux où elle a vécu, Annecy, l'Ardèche, Cergy... Elle y raconte aussi sa condition de femme tourmentée, ses débuts en tant qu'écrivaine et ses rapports aux classes. Dans la plus simple des formes, le cinéma trouve alors sa force la plus vive, celle d'une image qui s'anime, mouvante, émouvante.