Il y a certes une influence évidente dans ce film, tirée notamment du travail de Nicolas Winding Refn, mais elle tire plus vers la trilogie Pusher (qui me semble bien plus riche d'un point de vue cinématographique) que vers Drive. On pourrait penser le contraire lorsqu'on s'arrête au graphisme de l'affiche et à la bande-son électro, c'est évidemment plus vendeur d'évoquer une ambiance Drive, un film qui a connu le succès que l'on connaît.
La première partie du film dresse le portrait d'une famille défavorisée d'une ville flamande, dont l'un des deux frères - l'aîné - sort de prison. Le cadet, lui, semble s'être rangé : plus d'alcool, un travail... Mais il a eu la mauvaise idée de se mettre en couple avec l'ex de son frère pendant que celui-ci purgeait sa peine. C'est alors que la tragédie déroule sa trame inexorable, l'aîné entraîne son frère dans le chaos qu'il avait tenté de fuir. La deuxième partie du film, qui se déroule dans les Ardennes, décrit cette brutale descente aux enfers (une partie qui m'a d'ailleurs rappelé sur certains aspects le film Kill List).
J'ai beaucoup pensé pendant le visionnage aux deux premiers opus de Pusher : des tragédies urbaines dans lesquelles, quels que soient les efforts des personnages pour s'échapper de la misère sociale et de la violence, pour parvenir à ne serait-ce qu'une "vie banale" (une expression utilisée dans Les Ardennes), un destin implacable les ramène à leur condition. Mais n'allez pas croire que ce film est une vulgaire transposition de Pusher dans les Flandres. Le réalisateur a réussi à donner à ce film un style personnel qui l'affranchit de ceux dont il s'est manifestement inspiré.
Après Bullhead, encore un excellent thriller urbain flamand, qui, espérons-le, en appellera d'autres !