Dans ma jeunesse, j'ai bien du voir ce film une bonne trentaine de fois, faut dire qu'on ne croulait pas sur les vidéocassettes à l'époque... Le revoir comme ça, peut-être vingt ans après la dernière vision a toujours quelque chose d'un peu angoissant, par le risque de profaner ainsi la pureté qui lui reste attachée dans nos souvenirs.


Heureusement aussi, parfois, le plaisir reste inchangé et la petite merveille toujours aussi séduisante (non, non, je ne parle pas encore de Liselotte, encore que...).


Les couleurs du film de Becker sont plus improbables que jamais, on se croirait chez Ophuls, et quel bonheur de voir ce bon Jacques dans un registre d'une légèreté déconcertante, comme un hymne frivole au divertissement le plus assumé.


Pour faire fonctionner habilement les aventures du célèbre gentleman cambrioleur, Becker s'associe avec Simonin pour adapter l'esprit de l'oeuvre de Maurice Leblanc plutôt qu'une aventure en particulier, ce qui n'est pas la pire façon de faire.


Robert Lamoureux, le titi gouailleur était à mille lieues de faire un Arsène acceptable, c'est pourtant le meilleur interprète du rôle que j'ai pu voir jusqu'ici. La faconde irrésistible, l'acteur de cabaret donne ici toute sa mesure, multipliant au passage les déguisements les plus habiles et parvient à retranscrire un peu de l'âme et de l'esprit de Lupin, ce qu'une très chouette reconstitution de la Belle époque aidera à rendre largement suffisant.


Face au plus français de nos héros policiers, il fallait bien une petite touche de charme prussien, et c'est la délicieuse Liselotte Pulver qui se charge de cette tâche difficile, nous convainquant sans peine des raisons que peut avoir Arsène de suivre son parfum à la trace. Ceux qui sont tombés sous le charme de son accent délicieux dans Le temps d'aimer et le temps de mourir seront heureux de savoir que la belle est aussi craquante en français qu'en anglais et que seules les longues sagas teutonnes qui firent sa notoriété dans ses terres doivent être soigneusement évitées dans sa filmographie.


Comme dans les romans originaux, les histoires s'imbriquent avec une habileté diabolique, les coups de maîtres se succèdent dans la bonne humeur la plus contagieuse et le brave Arsène jongle avec les joyaux de la couronne comme un baladin avec ses torches enflammées dans un spectacle aussi jouissif qu'élégant.


A se demander pourquoi plus personne ne connait ce film d'ailleurs, c'est bien dommage, moi j'en goûterai bien une trente-deuxième fois...

Torpenn
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le 6 mai 2013

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Torpenn

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