Loin, très loin de ses habituels films fantastiques, Les Aventures d'un homme invisible dévoile une nouvelle facette pour John Carpenter, d'ordinaire nihiliste et plus porté vers les frissons mêlés à l'hémoglobine. On le découvre ici dans un contexte moins violent voire plus familial, cette relecture moderne du thème de l'homme invisible étant pour le réalisateur l'occasion de proposer autre chose que le fantastique horrifique, genre qu'il prédominait jusqu'alors. Il n'occupe d'ailleurs ici que le poste de réalisateur, laissant la musique et le scénario (celui-ci étant par ailleurs tiré d'un roman jamais sorti dans nos contrées) à d'autres.
Dans le rôle-titre, le comique Chevy Chase, peu connu en France mais adulé Outre-Atlantique. Habitué donc aux rôles de losers maladroits, Chase est parfait dans la peau de cet homme insignifiant aux yeux des gens qui, du jour au lendemain, devient véritablement invisible. Et si c'est l'occasion pour l'acteur d'être plus convainquant et moins pittoresque, c'est également l'occasion pour John Carpenter de nous dévoiler sa facette la plus drôle. En effet, muni d'effets visuels au top, le réalisateur nous offre une palette de scènes truquées du plus bel effet. Mélangeant trucages old school et images de synthèses bluffantes, le résultat de cet homme invisible va du classique (un simple manteau vadrouillant) au plus déjanté (on voit la fumée à travers ses poumons, tout comme la nourriture et le vomi).
On se prend donc immédiatement d'affection pour ce pauvre homme incompris, seul, pourchassé par une équipe secrète de la CIA menée par un Sam Neill aussi sympathique que terrifiant, et trouvant finalement l'amour et la compassion auprès de la toujours aussi sublime Daryl Hannah. Avec son rythme effréné, son scénario certes classique mais bien mené et ses passages humoristiques teintés d'un hommage certain pour le film de 1933 réalisé par James Whale, Les Aventures d'un homme invisible est l'un des longs-métrages les moins connus de John Carpenter, se classant à part dans sa filmographie de par son ton radicalement gentillet. Reste tout de même un excellent divertissement, bien mené et trépidant, débordant d'effets spéciaux encore aujourd'hui surprenants.