Après la mort de Walt Disney en 1966 et la sortie du Livre de la jungle en 1967, c’est une longue période de vaches maigres pour le studio Disney. Les Aristochats qui pointe son nez en 1970 est détruit par la critique tandis que Robin des Bois, descendu également par la critique, ne rencontre qu’un faible succès commercial en 1973. Après quatre ans de travail, ces Aventures de Bernard et Bianca sonnent comme une réconciliation à la fois publique et critique. Une réconciliation qui ne sera que de courte durée mais qui offrira un véritable répit avant qu’une nouvelle génération ne fasse, de nouveau, le succès du studio, notamment avec La Petite Sirène et Le Roi lion. Il est, dans ce contexte, étonnant que Bernard et Bianca ne jouisse aujourd’hui que d’un crédit plutôt relatif, surtout que la réussite de ce dessin animé est réelle.


Rondement menées, ces aventures sont parfaitement rythmées et mettent en scène des personnages vraiment attachants. Le couple vedette évite certaines redites avec certains de ses prédécesseurs. Bernard n’est pas le grand malin qui n’a peur de rien, Bianca n’est pas la belle dame qui ne met pas les mains dans le cambouis. Ils sont entourés par des personnages secondaires qui répondent aux attentes, à la fois drôles et importants dans la conduite du récit, à l’image d’Orville, Rufus ou Evinrude. Cette réussite, à mes yeux capitale dans le succès d’un Disney, est évidente. Si elle a des airs de Cruella parfois, l’antagoniste Médusa est, elle aussi, à la hauteur. Son extravagance en fait un personnage délirant qui entraîne, à de nombreuses reprises, le dessin animé sur les routes du cartoon. Ce choix permet de contrebalancer le ton misérabiliste qui prédomine avec le personnage de Penny, l’orpheline en danger. C’est, pour être franc, le seul personnage qui ne m’emballe pas. Elle introduit deux ou trois chansons vraiment nunuches qui desservent l’ensemble.


Cependant, c’était la volonté affirmée du studio de revenir à l’émotion, un registre que je trouve toujours excessivement appuyé chez Disney. Le modèle de la pauvre petite orpheline que personne n’aime, hormis quelques animaux, et qui est exploitée par une mégère est un cliché qui ne m’avait pas manqué dans les précédents opus. Heureusement, les auteurs ont la bonne idée de ne pas la plomber avec une romance trop fleur bleue entre les deux souris, ce qui aurait ruiné l’entreprise. Au lieu de cela, on a, au contraire, un duo aussi mal assorti que complice et gentiment amoureux. Le résultat, qui fourmille d’idées et qui est techniquement parfaitement abouti, est une belle réussite du studio Disney.


Play-It-Again-Seb
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le 22 juil. 2022

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