À la suite de l'échec cuisant de La Belle aux Bois Dormant au box-office, la compagnie de la souris aux grandes oreilles perdit de l'argent en masse.
Ce qui les obligea à faire des films aux visuels et à l'animation moins travaillée au point que certains plans de films du passé furent recyclés dans de nombreux films d'animation des années 60 au milieu des années 80.
Ainsi apparurent des Grands Classiques, aussi bien des plus ou moins réussis que des pas terribles, tels Merlin l'Enchanteur, Les Aristochats ou encore Robin des Bois longtemps méconnus mais redécouverts, en grande partie, grâce à l'arrivée de Disney+.
Mais que s'est-il passé avant ces redécouvertes?
En 1966, le fondateur des Studios Disney décéda d'un cancer du poumon à 65 ans. Celui-ci ne privilégiant plus l'animation durant les dernières années de sa vie préférant se consacrer à la production de films live ainsi qu'à la création du premier parc Disneyland, le département animation fut dans une impasse.
Malgré cela, Le livre de la jungle encore en cours de production sortit finalement sur les écrans en 1967. Cependant, celui-ci n'attira pas le public et les Studios Disney sombrèrent dans ce qu'on appelle, aujourd'hui, le Dark Age (bien que certains considèrent qu'il ait démarré avant l'arrivée de la mort du fondateur des Studios préférant privilégier les films live pendant le reste de sa vie).
Pendant cette période, les films qui sortirent, non seulement, mettaient si longtemps à se faire que leurs sorties s'espaçaient de plusieurs années mais, de plus, les visuels et l'animation recyclée demeurèrent afin d'économiser jusqu'au moindre centime pour assurer la survie des Studios. De plus, les films sortis en salles n'étaient pas de grand succès, ce qui rendait la situation des Studios encore plus incertaine.
Pourtant, en 1977, un film se démarqua des autres au point de faire plus d'entrées que Star Wars:Un Nouvel Espoir en France sorti la même année. Dans le reste du monde, il devint le carton du Dark Age et rapporta de d'argent aux Studios leur permettant ainsi de se lancer dans des projets plus ambitieux. Sa popularité poussa même Disney à en faire une suite en 1990.
Mais ça, nous en parlerons plus tard.
Le film en question a pour titre Les Aventures de Bernard et Bianca.
Que raconte ce film?
Une petite orpheline nommée Penny est kidnappée par l'horrible Madame Médusa désirant s'en servir pour atteindre un but égoïste.
Retenue captive dans un pays isolé, l'enfant ne peut que jeter une bouteille à la mer en espérant que cette dernière soit trouvée par quelqu'un qui viendra la sauver.
Après un long voyage, la bouteille arrive jusqu'à New-York dans un monde de souris anthropomorphes. Parmi elles, Bianca une jolie souris hongroise amatrice de danger, membre de l'organisation SOS Société aidant les gens en détresse, se proposant pour aller sauver l'enfant et choisissant comme co-équipié le concierge nommé Bernard; bien qu'il ne semble avoir aucun talent pour ce genre de choses étant peureux, superstitieux et sans assurance.
A l'époque de la sortie du film, Bianca était considérée comme un personnage révolutionnaire. En effet, le plus souvent dans les films des années 30 à 90, les personnages féminins étaient des demoiselles en détresse sauvées par des héros ou bien des pseudo-héroïnes assez peureuses dont l'émancipation ne pouvait être amenée que par le soutien d'un personnage masculin sûr de lui.
Or, dans Les Aventures de Bernard et Bianca, c'est l'inverse. En effet, durant une bonne partie du film, Bernard a, le plus souvent, envie de fuir le danger tandis que Bianca n'hésite pas à s'y jeter tête baissée tout en tentant de pousser Bernard à se dépasser.
Cependant, il ne faut pas croire non plus que Bianca est LE modèle à suivre pour les petites filles voyant le film. En effet, malgré sa personnalité risque-tout et son caractère bien trempé la poussant à ne jamais cacher ce qu'elle pense, Bianca a aussi des traits "féminins" clichés bien peu flatteurs. Elle aime se parfumer, affirme que les bagages des femmes sont toujours plus lourds que ceux des hommes et est montrée comme un objet de désir pour ces derniers.
Heureusement, ceci est rattrapé par le fait qu'elle ne choisit aucun des mecs se portant volontaire pour être son co-équipié car elle a comprit qu'ils veulent uniquement l'accompagner parce qu'ils s'en fichent de la mission et s'intéressent uniquement à son c** mais LE SEUL personnage à ne pas s'être porté volontaire pour l'accompagner.
Et il n'y a pas qu'elle qui est victime de clichés stupides. En effet, Médusa, la méchante du film, est une chauffarde encore pire que Cruella ainsi qu'une musophobe hurlant dès qu'elle voit un rongeur.
Puisqu'on parle de Médusa, malgré le fait qu'on lui ait imposé des clichés stupides, elle n'en est pas moins une méchante imposante à la voix faussement mielleuse et se montrant menaçante dès qu'on la contrarie. De plus, contrairement à de nombreux antagonistes Disney qu'on adore détester, Médusa, elle, on la déteste tout court. En effet, cette dernière n'hésiter pas à exploiter et faire souffrir moralement une petite fille de façon gratuite au point de la faire pleurer et nous voici avec une antagoniste immonde qu'on a plus envie de baffer que de trouver classe.
Ajoutons à ceci le fait que la voix française de cette ordure, Perette Pradier (RIP), fut si convaincante dans le rôle que sa propre fille ne lui a plus parlé pendant huit jours après avoir vu le film.
Puisqu'on parle du doublage, celui-ci est réussi. En effet, on retrouve des comédiens de doublage célèbres tels Roger Carel (RIP) dans le rôle de Bernard qui, en dehors d'avoir été la voix officielle d'Astérix pendant quarante-sept ans, a également interprété un nombre incalculable de souris chez Disney; comme Roquefort dans Les Aristochats ou encore Basile dans Basil, détective privé.
La VO n'est également pas en reste puisque le rôle de Bianca à été confiée à Eva Gabor (RIP), une actrice d'origine hongroise pour renforcer l'authenticité du personnage de Bianca.
Malheureusement, ce ne fut pas le cas de la VF qui choisit Béatrice Delfe pour le rôle. Certes, celle-ci interprète le rôle à merveille semblant bien s'amuser dans le rôle de ce personnage inédit pour l'époque mais le fait que le casting français n'ait pas choisi une voix d'origine hongroise pour le rôle fait que Béatrice Delfe n'a pas l'authenticité d'Eva Gabor l'accent du personnage ayant disparu à cause d'une erreur de casting.
Quant au reste du casting, celui-ci est plutôt plaisant avec Francis Lax (voix française officielle d'Harrison Ford jusqu'à sa mort) en Orville, l'albatros aux décollages et atterrissages approximatifs, Gérard Hernandèz très drôle dans le rôle de Luke.
Non! Pas celui-là
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...celui-là
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On peut également compter Philippe Dumat (RIP) dans le rôle de Snoops, complice de Médusa, maladroit et bien peu intelligent, qui a été la voix française officielle de Picsou dans Le Noël de Mickey et La Bande à Picsou 1987 ou encore Aurélia Bruno, voix française de Lisa Simpon, dans le rôle de Penny.
Puisqu'on parle de celle-ci. Autant de le dire tout de suite, Penny n'est pas très intéressante. C'est juste un typique personnage d'orpheline ne rêvant que d'être adoptée. De plus, elle pleure plus qu'autre chose pendant le film. Ajouté à cela le fait qu'elle parle plus à son ours en peluche qu'aux autres personnages finit par la rendre agaçante. Toutefois, elle n'en est pas moins courageuse puisqu'elle n'a peur de crocodiles hostiles ou remets à sa place le lâche Snoops quand il le mérite.
Sans compter le fait qu'elle se moque de Médusa de manière assez drôle.
De plus, le fait qu'elle se lance à la rescousse de Bernard et Bianca dans un tourbillon fait qu'elle est moins inoffensive qu'elle ne le parait et la rends même héroïque.
Parlons maintenant de l'aspect visuel et de l'animation du film.
Autant le dire, Les Aventures de Bernard et Bianca étant sorti durant le Dark Age, le style du film est plus crayonné que dessiné avec application sans compter le fait qu'on sent que l'histoire ne se passe pas dans le monde des humains parce que le budget animation n'était pas assez élevé pour dessiner et animer de grands personnages.
En effet, les figurants humains qu'on voit au début du film ont des visages très plats ainsi que de très petits yeux presque invisibles quand on les voit passer.
Ajouté à cela le fait d'avoir une antagoniste, certes expressive, mais moche et fine et Penny, étant, une enfant, on sent que les Studios se sont plus servis des moyens du bord qu'autre chose.
De plus, quand on sait qu'à la base la méchante devait être Cruella pour recycler un personnage afin d'avoir moins à dépenser mais a finalement été remplacée par un personnage original pour qu'on ne sente un effet de répétition, on ne peut que sentir une envie de faire un film sans trop se casser la tête.
Si l'histoire n'était pas plaisante à suivre, on aurait eu du mal avec les décors du films avec des voitures qui ne bougent pas, des rues vides et des vagues restant immobiles rendant, par moments, le film minimaliste.
Le générique de début, s'il est visuellement bien plus joli que les décors du film, est également dans ce style, certes moins minimaliste, mais faisant ressembler l'oeuvre plus à un tableau qu'à un véritable film d'animation.
Les seuls décors vraiment mémorables du film sont ceux du Bayou de Diable avec des grottes dangereuses, des marécages isolés et des bêtes hostiles s'y cachant sans que l'on s'en doute. Sans compter le fait que les scènes du lieu se déroulent pratiquement toutes pendant la nuit rendant l'ambiance malaisante et sinistre.
Parlons maintenant des chansons. Celles-ci sont le gros point noir du film. En effet, à part durant la chanson SOS Société, aucun personnage ne chante les chansons étant interprétées par une femme chantant des paroles très mièvres gâchant des passages qui auraient été bien mieux s'ils avaient été accompagnés de musique uniquement instrumentale tant elles interviennent durant des moments contemplatifs où elles n'ont pas leurs places.
La seule qui se démarque un peu, c'est Petite soeur montrant les émotions de Penny se sentant abandonnée de tous dans la cage infligée par Médusa où personne ne peux la trouver mais également pleine d'espoir en se disant qu'il faut rester courageux même dans les situations désespérées.
Et en dehors de ces défauts, il y a également le climax alternant entre tension bien gérée et parfois trop proche du cartoon alors que le film se prend au sérieux ridiculisant les méchants plus que d'avoir un véritable affrontement avec eux alors que, si Snoops est ridicule parce que le personnage est comme ça, Médusa n'a pas de raison de le devenir parce que le personnage est censé être imposant avant tout; malgré le fait que, lorsqu'elle a atteint son but, elle perd son côté imposant en agissant comme une enfant face à un paquets de bonbons.
C'est également le cas avec Néron et Brutus, les terrifiant crocodiles de la méchante dont on avait peur durant tout le film devenus ridicules à leurs tours durant le climax.
Puisqu'on parle de ces trois-là, le fait que l'on ait fait comprendre brièvement aux spectateurs que ces derniers allaient dévorer Médusa ne change rien que ne pas la voir totalement disparaître, contrairement à d'autres méchants Disney finissant tués sous nos yeux via des ombres ou disparaissant de l'écran durant des chutes, frustre un peu car son sort est expédié hors-champ sans que l'on ressente un quelconque malaise ou de la peur face à sa mort inévitable.
Et n'oublions pas LE défaut ultime: la représentation des pays durant la réunion des souris de SOS Société.
En effet, durant cette dernière, on fait le tour des pays représentés par des souris venues du monde entier avec des pays tels que Vienne ou encore l'Afrique.
Messieurs-dames les américains, retournez en cours de géographie. Vienne est la capitale de l'Autriche. Et surtout, pour la énième fois, l'Afrique n'est pas un pays mais UN CONTINENT!
C'est comme si vous disiez que l'Europe était un pays!
_Comment ça y en a qui le croient? Et m***e!_
Bref, un film alternant entre qualités et défauts mais ayant une bonne histoire ainsi que des personnages, pour la plupart, réussis valant largement le coup d'oeil.