Les aventures de Gigi la loi, policier de Vénétie que l'on ne voit pratiquement qu'au volant de sa voiture, n'ont rien de trépidantes, en soi. Ce vrai faux documentaire commence par une scène singulière où l"antihéros du film se querelle avec son voisin (qui reste invisible) à propos de la gênante luxuriance de son jardin. Mais de la vie privée de Gigi (solitaire, sans doute), de ses passages au commissariat, de ce qu'il mange à midi, s'il lui arrive de prendre des congés, etc, rien ne sera dévoilé. Notre homme est presque toujours en patrouille la journée, souvent aux trousses d'un habitant du coin qu'il soupçonne de ne pas être innocent, de temps en temps accompagné d'un(e) autre flic avec qui s'engagent des conversations anodines. L'ensemble n'évite pas un aspect répétitif, avec de longs silences à la clé quand la route défile, et s'anime quelque peu quand Gigi drague au téléphone la saisonnière du poste de police. Il y a bien à un moment un cadavre sur la voie de chemin de fer mais ce n'est pas un policier lambda comme Gigi qui va mener l'enquête. La réalité semble parfois altérée par les pensées ou fantasmes du fonctionnaire mais rien n'est moins sûr. Il suffit pourtant de peu de choses, comme une chanson sirupeuse à la radio, reprise en chœur avec sa passagère, pour qu'un semblant de vie s'installe enfin. Mais ces passages-là sont beaucoup trop rares, hélas.