Tourné pour la compagnie Goldwyn, c'est le seul film de Gary Cooper qui n'ait obtenu aucun succès auprès des critiques et du public. Le réalisateur Archie Mayo qui remplaça le réalisateur initial jugé trop sérieux et trop mélodramatique, ne sut pas tirer parti du scénario très élaboré mais complètement désinvolte sur le plan historique. En effet, cette aventure est totalement fantaisiste et pittoresque, et ne s'encombre pas de vérité, c'est un film très hollywoodien, fidèle à une conception très années 30, c'est à dire exagérément et puérilement exotique. C'est donc conforme à cette tradition des récits d'aventure mêlant exotisme, action et romance au sein de décors superbes mais entièrement reconstitués en studio ; c'était comme ça dans ces années 30, même la jungle des Tarzan avec Johnny Weissmuller était en carton-pâte, ça sonne creux parfois, il y a de l'écho, c'est l'aspect ridicule de ces productions. De même que les visages de plusieurs acteurs comme Alan Hale, Basil Rathbone ou H.B. Warner ont été orientalisés par des maquilleurs chevronnés.
Malgré ces défauts, l'aventure peut sembler plaisante, Gary Cooper est au centre de l'intrigue avec son aisance coutumière, un peu égaré en une époque et des lieux qu'il a rarement fréquentés, il incarne un Marco Polo fantaisiste mais séduisant. On y découvre une débutante qui deviendra célèbre, Lana Turner dans le rôle d'une servante. Et on remarque aussi la photo de Rudolph Maté qui fut un grand chef-opérateur avant de passer à la réalisation, on lui devra quelques bons films comme Midi gare centrale, le Choc des mondes, Passion sous les Tropiques ou Horizons lointains... On peut donc s'amuser à voir cette reconstitution incertaine et au goût très kitsch, mais divertissante, qui offre le genre de distraction que l'on attendait de ce genre de film.