C'est de plus en plus officiel à chaque nouvelle expérience dans le genre : « live » et animation ne font décidément pas bon ménage (et qu'on ne me parle pas du lapin à salopettes, car c'est vraiment l'énorme exception à la règle!!). Des McAnuff avait pourtant pensé à une technique imparable pour que la formule fonctionne : signer un film ouvertement stupide et assumé comme tel, à base de jeux de mots affligeants, de scènes d'action cartoonesques et de caméos juste là pour amuser la galerie.
À la limite, pourquoi pas. Encore fallait-il proposer autre chose que ce récit aussi délirant qu'indigent, mais surtout... jamais drôle. On peut retourner le problème dans tous les sens, durant plus d'une heure, ces gags très cour de récré ont dû m'arracher deux, trois sourires (en comptant large), me plongeant le reste du temps dans un embarras souvent total.
Un léger mieux se fait toutefois ressentir dans le dernier tiers, un peu plus dynamique, un peu plus inventif dans sa dimension parodique afin de nous sortir vaguement de notre léthargie. La pauvreté (en partie volontaire) des effets spéciaux rendent le graphisme de Rocky et Bullwinkle assez sympa, la voix du premier étant une expérience quasi-éthylique.
L'idée de se moquer ouvertement de la bêtise des programmes télévisés américains était également savoureuse, encore aurait-il fallu que le résultat ne le soit pas encore plus que ceux qu'ils dénoncent... Enfin, côté casting, Piper Perabo s'avère charmante face au cabotinage effréné du trio Robert De Niro - Rene Russo - Jason Alexander, le premier,
auto-parodiant même sa scène mythique de « Taxi Driver »,
débutant plus ou moins à cette période son vertigineux effondrement artistique.
Ce léger sursaut final compense un peu, me poussant à un semblant d'indulgence. Il est toutefois très relatif, démontrant une fois encore l'extrême difficulté de concilier deux techniques cinématographiques opposées, surtout lorsqu'on les met au service d'une comédie aussi pesante. Un gros échec artistique et commercial, hélas pas totalement immérité.