J'aime beaucoup Robert Rodriguez, vrai amateur de film de genre, auteur de quelques belles réussites (« Desperado », « The Faculty », « Sin City », « Machete » : quand même !). Maintenant, force est de reconnaître qu'il n'y a vraiment pas que du bon, et il est peu dire que « Les Aventures de Shark Boy et Lava Girl » en fait partie. Alors je comprends l'idée de cette « entreprise familiale » où l'ami Robert en a notamment profité pour faire travailler son fils, ce qui se ressent pour le moins dans l'intérêt global. Car clairement, ce scénario est celui d'un enfant de sept ans. On sent bien que le bonhomme est (relativement) sincère dans ce voyage à travers les rêves et les quelques réflexions qui l'accompagnent, manifestement adressé à un public enfantin.
Cela n'excuse pas tout, surtout pas de ne jamais s'adresser vaguement aux adultes forcés de regarder ce spectacle quasiment indigent de bout en bout. Le ratage est à tous les niveaux : Taylor Dooley a un bien joli sourire, mais c'est la seule chose à sauver d'une interprétation médiocre (dont un tout jeune Taylor Lautner au talent définitivement limité), notamment des jeunes héros. Niveau récit, c'est bien mignon de vouloir proposer ce que son môme en bas-âge rêve la nuit, mais là on parle quand même de cinéma, et nous ne sommes pas loin du néant total, où les incohérences et approximations sont tellement nombreuses que je renonce à en évoquer ne serait-ce qu'une poignée.
Il faut dire que cette impression est accentuée par une écriture effrayante, aux dialogues à base de
« Je vais détruire cette planète, mouahahaha !! », « Tu es méchant, nous ne te laisserons pas faire : Max, montre-lui tes super-pouvoirs »
(et je vous jure que c'est ça), où les rêves sont prétextes à se sortir de n'importe quelle situation ridicule, les vagues idées intéressantes qui auraient pu découler de ce sujet passionnant étant tellement mal exploitées qu'on ne retient que ce côté très bêta, très lourd, notamment dans son humour là encore très primaire.
Enfin, dernier mais pas le moindre des problèmes : ce choix de la 3D, pour laquelle je n'étais pas équipé et me suis donc contenté de la 2D, qui est juste... monstrueux. Sorte de croisement improbable entre un vieux jeu vidéo, de la pâte à modeler et un parc d'attractions « low cost » où se mélangerait des couleurs aussi vives que ringardes, difficile de s'immerger dans des décors aussi mal pensés, donnant vraiment l'impression d'un bâclage à tous les niveaux, même si Rodriguez nous expliquera sans doute qu'il s'agit d'un lieu imaginé par un enfant : je doute vraiment qu'un gamin puisse rêver d'un univers aussi dégueulasse mais bon... Bref, s'il y avait probablement une gentille volonté de partager de jolis moments personnels, celle-ci se transforme en aventure autocentrée inintéressante au possible, où la « Rodriguez family » semble vouloir nous imposer ses inepties personnelles sans jamais chercher à les adapter à un public dépassant les dix ans : laid, stupide et prétentieux.