Robert Enrico emprunte le sujet à un roman de José Giovanni mais n'en conserve que certains épisodes et remplace le rôle d'un homme par une femme, d'où le personnage féminin qui fait équipe avec Delon et Ventura. L'intrigue est peu originale, mais Enrico sait organiser les péripéties de ce type d'aventures, la seconde partie étant meilleure que la première, plus terne.
C'est une solide histoire d'amitié avant tout, bien traduite par les 2 vedettes Delon et Ventura et servie par une chouette musique de François de Roubaix, le tout dans un bon film d'aventure français, plutôt dépaysant, avec des scènes sous-marines et un final dans un monument insolite et inoubliable. En effet, ce final est tourné dans un Fort Boyard alors vierge de toute installation moderne, c'était bien avant le jeu télé et c'était la première fois qu'on découvrait ce monument, il apparait tel que je l'ai connu enfant.
Je livre ici rapidement un beau souvenir d'enfance : au début des années 70, je passais souvent mes vacances dans ma famille à Fouras, mon cousin connaissait le gars chargé de l'entretien du fort, et un jour il nous a emmené avec lui ; le fort appartenait alors à un propriétaire qui s'en désintéressait, mais il fallait désherber, surveiller l'état des pierres, et tuer les rats qui pullulaient, il avait alors une allure décrépite comme on le voit dans le film. Déjà il m'avait interpellé à chaque fois que le bateau qui m'emmenait à l'île d'Aix toute proche passait devant, mais quand je fus entre ses murs, c'était extraordinaire, vous imaginez 2 gamins de 11 ans faire les fous dans cette énorme carcasse de pierres située en pleine mer ?
Aussi quand j'ai vu les Aventuriers bien plus tard à la télé alors que j'étais presque un jeune adulte, ce doux souvenir m'est revenu en tête, et en tout cas, je trouve que les séquences tournées mettent bien en valeur ce formidable décor. Qu'il ait été sauvé grâce au jeu télé, c'est bien, mais en même temps, il a été victime de sa médiatisation et a hélas perdu tout le mystère qu'il m'inspirait lorsque je l'ai connu en vrai. Seul ce film le restitue dans son abandon poétique.