Les Banshees d'Inisherin s'ouvre sur une scène ou l'on voit Padraic (Colin Farrell), le personnage principal, marcher dans le port de son île Irlandaise. Les images sont chaudes, le ton semble léger, je croirais rentrer au début d'une nouvelle saga du Seigneur des Anneaux. Et je me prépare à voir le personnage vivre une grande aventure.
La première scène se continue alors que le personnage arrive chez son meilleur ami. On comprend alors l'intrigue principale du film : le meilleur ami de Padraic, Colm (Brendan Gleeson), a décidé du jour au lendemain de ne plus lui parler. Le film s'oriente soit vers un drame social s'il arrive a donner une impression de sérieux, soit vers une pastiche de drame social au vu de la légèreté de la première scène.
En sortant de la séance, je n'avais toujours pas réussi a me positionner entre ces deux pistes. Il semblait cependant que le film aspirait a aborder de manière sérieuse la nature humaine dans les communautés insulaires, et le sens de la vie entre héritage culturel futur et vie sociale présente.
Mon détachement du sérieux de l'intrigue a plusieurs sources. L’esthétique très soignée du film donne tout d'abord une impression de simplification extrême. Certains plans sont cocasses, notamment de nombreuses images montrant des animaux en gros plan. On y trouve aussi des plans vulgaires sans que cela apporte grand chose a l'intrigue: on s'attarde sur le policier nu dans sa maison, ou sur les mains coupées de Colm. Les personnages sont tous esquissés sans profondeur et réduits a des traits principaux, on a l'impression d’être dans un conte.
Plus important, les éléments importants de l’avancée de l'intrigue sont trop cocasses pour être pris au sérieux. Colm décide de se couper les doigts si son ami ne le laisse pas tranquille, pourquoi pas... s'il ne semblait pas si serein à se les couper ni à les laisser trainer sans bandage pendant le reste du film.
L’âne de Padraic meurt en avalant un doigt, j'avoue avoir ri en voyant cette scène qui se voulait pathétique.
Même en plaçant le film dans une sphère fantastique dans laquelle la vraisemblance de l'intrigue n'est pas un point essentiel, je n'ai pu m'y raccrocher. D'abord à cause du manque de profondeur des personnages (qui est peut-être un parti pris), puis de la vacuité des moments ou la moralité de l'histoire semble sourdre. Je pense notamment a une tirade de Padraic dans le bar a propos de l'importance de l’amitié, ou une réflexion de Colm sur la mort lorsqu'il est dans sa maison. Dans ces deux exemples, les personnages semblent soudain animés d'une lucidité qui les dépasse, lucidité qui s’évanouira a la fin de la scène. Comme s'ils étaient animés d'un message que le réalisateur-scénariste ou producteur voulait absolument exprimer.
Je préfère garder les messages pour les essais.