Du jour au lendemain, Colm ne veut plus parler à son meilleur ami, Pádraic, sans donner d’explications. Dès lors, Pádraic vit une véritable agonie…
Tout d’abord, j’aimerais remercier Martin McDonagh et les gars du markéting pour ne jamais me proposer la même chose entre la bande annonce et le film. Le rythme est notamment tellement différent que le visionnage en devient même presque ennuyeux.
De plus, comme avec *Three Billboards* il y a beaucoup d’intrigues que l’on présente pour peu de conclusion satisfaisante (bien que la fin demeure mieux réussie et moins énervante que celle de *Three Billboards*).
Cependant, contrairement à *Three Billboards*, je pense que le film est plus intéressant. On suit en effet les dérives de l’âme humaine perdue entre une stupidité presque congénitale et un ennui mortel, lié au mode de vie insulaire et isolé des habitants d’Inisherin (fictive, au demeurant). Le traitement du seul personnage féminin est d’ailleurs assez révélateur car alors qu’une guerre d’égo et « d’intelligence » se déclare entre Colm et Pádraic, Siobhan, la sœur de Pádraic, s’emporte contre Colm et lui fait remarquer que Pádraic n’est quand même pas le seul imbécile de toute l’île d’Inisherin. C’est d’autant plus intéressant que, à ce moment de l’histoire, Colm nous a été décrit comme un esthète, un intellectuel mélomane à part parmi les habitants d’Inisherin. Il n’y a eu que de rares moments où on se rend compte qu’il présente les mêmes défauts que ses voisins. Et l’un de ses moyens est donc au travers du personnage de Siobhan qui est seule et morose, coincée avec son frère et qui finit par partir (et qui, dans la scène en question, prouve à Colm qu'il n'a pas la science infuse).
Mais ce n’est pas uniquement d’imbécilité dont parle le film. A mon sens, l’un des thèmes majeurs est la masculinité toxique : vivant dans un monde très patriarcal, les hommes ne se rendent pas compte qu’ils sont eux-mêmes enfermés dans un cercle vicieux où la force prime sur l’intelligence et la boisson sur les sentiments. Par plusieurs aspects, les personnages principaux masculins souffrent de ne pouvoir exprimer leurs émotions pleinement, comme Colm qu’on dit être dépressif, ou le gars qui se suicide à la fin, suicide qu’on balaye d’un revers de la main en simple accident.
Il y a, à mon sens, d’autres thèmes que je n’ai pas trouvés et qui en font un film plus riche qu’il n’y paraît. Le film est en tout cas définitivement plus riche qu’on pourrait le croire, c’est juste dommage qu’il soit parti pour être le flop qu’on annonce déjà. Aussi, je ne peux que chaleureusement le recommander.