Sorti en 2012, La Révélation des Pyramides était connu depuis comme le record absolu du pseudo-documentaire accumulant le plus de mensonges, d'erreurs et d'incohérences à la minute. Un véritable cas d'école de tout ce que vous devez éviter de faire quand vous vous intéressez à l'histoire et à l'archéologie, que vous ayez une formation ou pas en la matière.
Et là vous vous dites: "d'accord, du coup on a touché le fond, on peut pas aller plus loin!"
Eh ben, si. Figurez-vous qu’entre temps, Jacques Grimault et Patrice Pouillard se sont pris le bec avant de se séparer, le premier gardant les droits sur le nom "LRDP", l'autre les moyens de faire des suites. Quelques années et un financement participatif au montant indécent plus tard, la chose est arrivée sur internet et c'est tout simplement prodigieux: c'est la même chose, mais en pire.
Et quand je dis "la même chose", je pèse mes mots: 70 a 80% du... film, on va appeler ça comme ça, sont composés EXACTEMENT des mêmes sites et des mêmes stupidités mensongères proférées dans le premier: "gnégnégnégnélaScienceOfficielle®", "gnégnégné mais comment qu'ils ont fait alors qu'ils avaient pas d'outils", "gnégnégné la Préhistoire toussa ils se baladaient en peaux de bêtes", "gnégnégné les bâtiments en gros cailloux larges ça s'effondre pas dés qu'on éternue dessus, c'est forcément de la technologie antisismique olala", "gnégnégné r'gadez si je trace une ligne au pif sur la Terre entre deux sites historiques qui n'ont strictement rien à voir, eh bah ça passe presque sur trois ou quatre autres sites, donc ATLANTES§§§".
Pour la nouvelle édition, Poupouille-la-Déconne a rembauché Eric Gonthier, le "géologue" qui n'a visiblement jamais foutu les pieds de sa vie sur un chantier de fouilles archéologiques, histoire d'assurer la caution scientifique de la vidéo. Et ils sont allés traîner leurs caméras sur quelques nouveaux sites comme la grotte d'Ellora en Inde, histoire d'aller s'ébahir sur des parois jugées trop lisses et trop correctement polies pour que ça n'aie pas été faites au laser hyperboréen.
Bien entendu, la fine équipe de chercheurs de véritage se roule dans le marigot de la mauvaise foi en poussant des petits cris de gorets, sans jamais respecter la moindre méthode scientifique, ni chercher les réelles explications avancées pour la réalisation de tel ou tel site. On y retrouve les mêmes intervenants: le néo-hippie andin qui se trouve tout d'un coup propulsé spécialiste absolu d'archéologie péruvienne, l'ingénieur en aéronautique qui est biclassé aviation militaire et photogrammétrie (et non, il ne sait toujours pas ce que ce terme signifie), ou la conférencière branchée aliens et Atlantide qui est affublée du titre d'historienne alors qu'elle ne l'est absolument pas.
Ils continuent aussi d'établir des rapports mathématico-géométriques tous plus foireux les uns que les autres en y fourrant pêle-mêle pi, phi, le mètre, la coudée, le yard, le demi-périmètre des poils de cul de Grimault, et toujours pour aligner des chiffres et des formes imbitables pour épater le péquin moyen sous une avalanche de chiffres, sans qu'il n'aie le temps de se rendre compte que c'est complètement con et que ça ne se base sur que dalle à part leur propre avis préconçu. Ah, et puis, oui, le message de fin est toujours le même: on va tous crever, olalalecataclysmedézanciens, la précession des équinoxes et tout ça.
Remarquez, l'avantage de l'avoir vu, c'est qu'on se sent tout de suite plus intelligent après. Ca me fait beaucoup moins rigoler en revanche, de songer au nombre de gens intéressés par l'Histoire mais non avertis, qui vont se laisser embobiner par le montage relativement correct et avaler tout cru le discours nauséabond de ce film.