Je ne suis pas adepte des comédies musicales, mais celle-ci vaut largement le coup d’oreille. Si jamais vous avez à convaincre un récalcitrant au genre qu’une comédie musicale peut être drôle, entraînante et rocambolesque, mettez-lui ce film sous les yeux.
Ah, bien sûr, il faut avoir quelques accointances avec le blues, le rythm and blues, le rock, ou du moins ne pas en être ennemi. Après, la douce folie qui mène les deux frères permet de partager un joli moment, du divertissement bien fichu, dopé par l’agencement d’une combinaison comique/action/musique des plus performantes.
Avec une course poursuite dantesque, une des plus longues que je connaisse, avec des carambolages gargantuesques, on est d’évidence devant une farce de gosse, une énorme blague. Les scénaristes se sont manifestement lâchés sur leur envie de tôle froissée.
L’Amérique white trash (entre countrymen et nazillons) en prend pour son grade. Les Blues brothers frayent avec des blacks et des chevelus. La musique, elle vient de là, elle vient donc du blues.
Pour ce qui est du son, le casting n’est plus royal… à ce niveau, c’est carrément impérial, inter-sidéral! Tout le gratin est là : que du géant sur la bobine et tous sont tout simplement géniaux, même dans leurs petits laïus d’acteurs, avant ou après avoir mis le feu à nos oreilles.
On voudrait que la poussée de fièvre délirante à laquelle on assiste ne s’arrête jamais. Le film monte en puissance et éclate en fin de spectacle avec un feu d’artifice dans les rues de Chicago.
A la démesure gigantesque de ce final, il me faut conclure par quelques notes sur John Belushi. Trop tôt parti (m’enfin, il y est pour quelque chose ce ptit con), sous ses airs coluchiens, ce comédien cache mal un tempérament tragique que sa bouille ronde et son regard cynique parviennent à peine à alléger. C’était à n’en pas douter un de ces comiques qui vivent sur le fil du rasoir, en un équilibre qui fait la richesse de leurs performances de jeu, très personnelle, où l’intimité affleure derrière le fard de l’humain. J’adore ce type.
Son duo avec Dan Ayckroyd (type plus sympathique mais également plus lisse) trouve un bon rapport entre sobriété et comique, même si les deux personnages évoluent sur un même registre atonal.
Oh, j’allais oublier un petit clin d’oeil à Carrie Fisher dans un rôle tellement à l’opposé de sa sérieuse Leïa qu’elle en devient ici irrésistible.
The blues brothers fait partie de mes classiques, de ces chefs d’oeuvre qu’il me faut voir assez régulièrement pour me rappeler l’idée fondamentale du cinéma, ce qu’il signifie dans ma vie. Ouais, mon pote, carrément!
Captures et trombi