Il fallait certainement être complètement fou pour penser qu'il était possible de faire un film sur le groupe du Saturday Night Live. Passer d'un sketch de chauffeurs de salle à un long métrage ; idée parfaitement insensée qui ne pouvait aboutir qu'à une inévitable croûte opportuniste de producteurs demeurés.
On sait d'autant plus aujourd'hui ce que vaut le passage des éphémères célébrités musicales, comiques pas drôles et autres petits branleurs d'Internet sur le grand écran. Vous voyez le truc : l'horreur.
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Oui, bon...
N'empêche que l'idée n'était peut être pas si conne dès le départ. The Blues Brothers remplissait déjà deux cases :
La comédie, avec ses deux leaders pince-sans-rire, formidables personnages au jeu de jambes inimitable.
La musique, avec un orchestre du feu de dieu qui a finalement à son actif la plus belle brochette de « reprises meilleures que les titres originaux » de l'histoire. Et je n'exagère jamais. Ja-mais !
Et là vous voyez où je veux en venir.
D'abord, ma comparaison de tout à l'heure avec les autres merdes honteuses ne tient pas. Belushi, c'était autre chose que Kev Adams ou Demy Lovato (mes excuses, j'irai me flageller les couilles juste après pour avoir parlé d'eux -et je vous épargne le gif pour cette fois-).
Mais surtout, il y avait là les deux ingrédients pour faire... une comédie musicale (sans blague). Et pour le coup, je ne vois pas un seul autre concurrent sérieux (même Chantons sous la pluie) pour prétendre avoir aussi bien synthétisé l'humour et la musique en un ensemble aussi foutraquement harmonieux.
Malgré tout, que le film ait été juste réussi aurait déjà relevé du miracle. Sauf que Landis et ses comparses sont arrivés, par je ne sais quelle distorsion spatio-temporelle, à faire ce qu'ils voulaient. Ils ont flirté avec le n'importe quoi, suffisamment près, pour donner au film son souffle (plutôt une putain de tornade) de liberté dévastateur. Et là, une petite photo de John s'impose :
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Si The Blues Brothers est un immense film, ce n'est pas tant grâce à sa bande originale -qui est à elle seule un tsunami de bonheur (j'en parlais ici : https://www.senscritique.com/album/The_Blues_Brothers_Bande_Originale/critique/9476382 )- que le fait d'un ton qui se permet tout en ne respectant personne et en aimant tout le monde (c'est dingue à écrire mais c'est à peu près ça).
C'est un bordel jubilatoire qui brise toutes les conventions, tous les codes, tous les préjugés pour désintégrer une société où ne résistent que le blues et le flegme des frangins. Attention, liste hallucinatoire non exhaustive en approche.
On fait voltiger les culs-bénits sous les exhortations de James Brown, on détruit un centre commercial puis empile des tonnes de bagnoles juste pour le plaisir de casser ses jouets, on fait se moquer Ray Charles de son handicap, on fait voler des nazis qui s'aiment sur du Wagner, on convoque une armada de figurants hurlant à pleins poumons en guise de climax, on fait de Carrie Fisher une sorte de Terminator destructeur, on fait danser les grosses, les vieux et les gamins parce qu'on s'en branle des apparences...
The Blues Brothers c'est ça.
C'est ça avec les plus merveilleux morceaux de musique qu'on puisse rêver.
C'est un plaisir absolu pour les yeux, les oreilles et le cœur, qui donne envie de monter sur la table pour danser et hurler « I NEED YOU, YOU, YOU !! » en envoyant se faire foutre tous les cons de la Terre.
Qu'importe, la vie est belle avec The Blues Brothers.