Un film qui m'était sorti de la mémoire et que j'ai revu avec un immense plaisir !
Quel superbe aventure ! Comme disait Guitry, "La femme, je suis contre ! Tout contre ", Christian Jaque les connaissait bien, lui : il fut même marié six fois... Dont la plus connue fut la sulfureuse Martine Carol...Assez naturel donc que ce film conte l'histoire de deux femmes dont une séduisante machiavélique qui va perpétrer et réussir le "crime parfait"...
Un scénario en or,tiré d'un roman de Jean Laborde retravaillé par Jaque lui-même et Paul Andréota (le scénariste du commissaire Moulin, c'est lui) et avec Henri Jeanson pour les dialogues : un gage de piment dans les réparties quant on sait qu'il était rebelle à l'autorité et volontiers provocateur...
Le casting est un grand moment de bonheur avec un Pierre Brasseur impérial, qui domine si naturellement tous les acteurs, tant son rôle lui va comme un gant ! Et quelle voix de stentor, quelle stature !
Tantôt sournois, rusé, faussement empathique, que de facettes de son talent se révèlent ici !
Son plus beau rôle à mon avis et l'apothéose d'une carrière ! D'autant que son environnement est loin de "faire-valoirs" avec deux stars féminines de grand talent dont le succès va croissant : Marina Vlady et Virna Lisi... Sans oublier la "tête de turc" de Jeanson qui n'est autre que le juge Gaudet ,admirablement joué par un Bourvil dans un rôle de contre-emploi... qu'il fallait oser ! Quel pari ! Christian Jacques l'a fait... Un juge décidé à mener l'affaire "tambour battant" et dont Brasseur dit à sa cliente et amante "Tu ne vas quand même pas avoir peur d'un homme qui habite à Marcadet et qui prend le métro pour se rendre à son boulot ?"
Le ton est donné et c'est du Jeanson ! Bourvil se présente au tribunal comme juge ayant demandé à être désaissi du dossier dans lequel il s'était avéré incapable de choisir qui; selon leurs avocats, serait innocent ou coupable, les deux partis mis en cause pouvant être interchangés... Quel numéro émouvant, humble, joué avec une simplicité de celles qui vous pénètrent le coeur..
Avec une fin ouverte, on aurait pu s'attendre à une suite... hélas !
La seule fausse note de ce film, et c'est le cas de le dire : c'est cette musique infecte qui nous rebute dès le générique.... Consternante ! Agressive... Et pourtant signée d'une "pointure" puisque les mélomanes reconnaîtront l'arménien de naissance G. Garvarentz, auteur fétiche d'Aznavour, mais aussi de Sylvie Vartan et de Johnny ; dont il écrivit le si merveilleux slow de "Retiens la nuit !" permettant ainsi au rocker-twister de varier avec bonheur son répertoire ! (et reprendre son souffle sur scène)
On se demande comment il a pu créer une aussi détestable musique qui va à l'encontre de l'objectif de ce film qui est d'angoisser, de tenir en haleine ! Cette espèce de cacophonie en désorganisation lamine tout... Un peu à la manière de Matthieu Chabrol qui dézinguait allègrement les films de papa...
Ces bonnes causes (quel titre bêtasse) eurent de bons effets : 1 721 139 entrées en salles françaises. Mais Christian Jaque avait l'habitude des réussites.
Sauf erreur de ma part, ils sont deux aujourd'hui à être encore vivants et ayant tourné dans ce film : Marina Vlady (83 printemps en 2021) qualifiée en ce temps là de sensuelle et mystérieuse, et Jean-Loup Philippe, 87 ans, qui n'eut qu'une éphémère carrière d'acteur, et qui figure dans ce film comme ex-fiancé de Gina (Virna Lisi) dont la mère dans le film avait mis fin à leur idylle, la soupçonnant d'être "intéressée"...
Quel bonheur s'ils pouvaient témoigner de leurs souvenirs sur ce tournage à Billancourt dans ces colonnes ou ailleurs !
Paris 1° le 21.12.2021

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le 23 déc. 2021

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