Voilà un film agréable à regarder où Pierre Brasseur et Bourvil font merveille, et où les autres acteurs méritent le détour. Le scénario tient à la fois de la comédie grinçante et de la tragédie. Cette opposition semble la seule échappatoire devant les enjeux soulevés : que vaut la justice face à la puissance des possédants et de leurs valets, à l'infecte complicité des médias avides de sang et de larmes et aux exercices oratoires des avocats motivés par l'argent et la renommée et prêts à tous les mensonges pour gagner ?
C'est hélas tout de même une évocation fidèle d'une vérité que certains d'entre nous ont éprouvée lors de procès. Henri Jeanson signe les dialogues qui parsèment cette histoire comme autant de scènes d'escrime. On reconnaît bien là la plume exceptionnelle de cet anarchiste joyeux et éprouvé par la vie et les trahisons de ses contemporains : il ne serait malheureusement pas dépaysé à notre époque !
Malgré cela, on est presque surpris de l'espèce de "happy end" à peine promise en dernière minute, et qui fait un tantinet perdre de la crédibilité au film. A ce titre, je lui préfère le terrible et sombre mais excellent "Les assassins de l'ordre" avec Jacques Brel dans le rôle principal.