Ce n'est plus vraiment une surprise depuis le temps, mais Kore Eda reste un cinéaste singulièrement touchant. De sorte qu'un film qui paraît de prime abord plutôt mineur dans sa carrière (je pense que c'est tout de même le cas ici) n'en reste pas moins d'une très belle fraternité. La première heure passée, j'avais la sensation de ne pas totalement retrouver ce qui fait la force de sa filmographie. Et puis chemin faisant, presque par mégarde, grâce a son habituelle délicatesse et la générosité de son casting, par quelques plans graciles et des dialogues d'une grande mélancolie, l'émotion affleure en filigrane.
Alors oui Kore Eda ne fait que tirer sur le fil minutieusement tisse depuis ses débuts de la désagrégation des liens sociaux et familiaux, oui il reproduit avec plus ou moins de variation des schémas scénaristiques bien éculés (notamment du cinéma hollywoodien grand public). oui il pourrait être légitime de lui reprocher une forme de paresse artistique et intellectuelle, oui à trop tirer sur la fragile corde des bons sentiments celle pourrait très prochainement rompre. En attendant je ne vois pas en l'état des choses un cinéaste aussi inspiré pour réussir a tricoter des petits maillages qui paraissent insignifiants mais se révèlent au final très régulièrement émouvants. Un type qui est capable de réunir de purs cinéphiles lorsqu'il décide d'être très radical (Nobody Knows son chef d'œuvre ultime selon moi) et le grand public dans une veine plus épurée (Une affaire de famille, alliage de feel good movie et de cinéma d'auteur, magnifique Palme D'or 2018) est forcément un réalisateur de très très grand talent