Question intéressante : faire preuve d'une générosité, d'une dévotion extrême est-il un risque pour notre vie familiale et son quotidien ? Gilles Legrand tente d'y répondre habilement, proposant différentes situations savoureuses à travers un scénario cohérent, soignant aussi bien ses répliques que ses personnages, principaux comme secondaires (non sans quelques stéréotypes). Il y a un réel plaisir à voir chacun évoluer, faire face à ses contradictions, devant faire face à des moments difficiles tout en restant fidèle à ses idéaux. À ce titre, les scènes entre Agnès Jaoui (excellente) et Tim Seyfi (pas mal du tout), notamment chez la conseillère conjugale, sont éloquentes, à l'image d'un ton séduisant dans son ensemble, parfois très drôle, n'hésitant pas à balancer quelques répliques vachardes du meilleur effet.
Dommage que, cinéma français oblige, la forme soit quand même très basique, voire bancale, le réalisateur ne semblant souvent pas du tout quelle identité donner au film : c'en est presque assez triste. Mais pour le coup, j'ai envie d'être indulgent : si visuellement c'est pauvre, au moins est-ce donc compensé par un scénario (bien qu'un peu répétitif) et une écriture de qualité, offrant à la fois une vraie réflexion sur l'engagement (social) et un portrait de femme beaucoup plus subtil et nuancé qu'au premier abord, la présence d'excellents seconds rôles (Alban Ivanov et la très séduisante Claire Sermonne en tête) ne faisant qu'ajouter à la bonne impression générale. Un peu maladroit, sans doute, mais touchant.