Les bons vivants raconte, sous forme de trois sketchs, la fermeture des maisons closes, qui a eu lieu en 1946. Le premier sketch raconte justement les derniers instants d'un de ces bordels, avec le patron joué par Bernard Blier. Ensuite, une des pensionnaires vient dans un procès pour témoigner du vol de l'enseigne de l'établissement que lui avait donné le patron. Enfin, la dernière histoire, avec Louis de Funès et Mireille Darc, raconte comment cette dernière, ancienne de cette maison close, trouve refuge chez un employé de bureau et que l'argent qu'elle a accumulé va le rendre très riche.
Ce qui ressort de ce film, dont les deux premiers sketchs sont réalisés par Gilles Grangier et le dernier par Georges Lautner, c'est une certaine nostalgie de ces lieux, en particulier les dialogues de Michel Audiard dont on peut se demander s'il n'y a pas une part de biographie quant au fait qu'il serait allé dans ces maisons closes. Parce que là, tel que c'est montré, on dirait un lieu paradisiaque, comme si les filles allaient au bureau, alors qu'il n'est jamais question de prostitution ni d'esclavagisme. Mais dans le premier sketch, il y a une véritable mélancolie qui s'en dégage.
Du coup, les trois histoires ne se valent pas vraiment, le procès du milieu étant un peu lourd avec les présences de Jean Lefebvre et Darry Cowl, mais la troisième histoire, où ça sera la seule collaboration entre de Funès et Lautner, est tout à fait dans le style de l'acteur avec ses mimiques et grimaces dont lui seul a le secret, y compris le fameux regardez-moi dans les yeux. Mais les petits cochons en seront pour leurs frais tant c'est chaste, et il y a le plaisir de voir une Mireille Darc délicieuse en fofolle qui rappelle bizarrement les débuts de Brigitte Bardot.
Du fait que ça parle de maison close, et tout ce qui l'entoure, Les bons vivants, également nommé Un grand seigneur, est la seule incursion de Louis de Funès dans le genre coquin, mais avec des énormes guillemets. Mais ça reste au fond assez léger pour s'y amuser.