Ce projet fut préparé par Cecil B. De Mille qui devait le réaliser en remake de son propre film les Flibustiers en 1937, mais son état de santé l'en empêcha, il délégua à son gendre Anthony Quinn ce qui restera comme son unique réalisation, qu'il supervisera de loin.
Ce sont les aventures très romancées du corsaire français Jean Laffite, sa participation à la guerre anglo-américaine de 1812 en Louisiane (parce qu'il possédait le territoire de Barataria situé dans la région), tout en voulant rester neutre dans ce conflit entre Américains et Britanniques. Mais l'histoire s'attarde aussi sur la romance entre Laffite et la fille du gouverneur de Louisiane, en évitant heureusement trop de sirupeux, ce qui aurait détourné le film de sa vocation de superproduction. En fait, le film appartient à cette catégorie sans en avoir les caractéristiques intrinsèques, car il n'est pas sans défauts. Anthony Quinn est un grand acteur mais la réalisation, c'est pas son truc, bien que l'ensemble de son travail ne soit pas à jeter. Cependant, ça manque de souffle épique, les scènes d'action sont assez rares, trop noyées par des dialogues, et l'utilisation de décors de studio se fait nettement sentir, ceci amenuise l'impact et la dynamique.
Sur le plan politique, c'est assez contestable : c'est carrément pro-américain, en caricaturant la constitution US qui prône l'esclavage et le massacre d'Indiens. Malgré tous ces défauts, c'est un film d'aventure plaisant et pas ennuyeux qui vaut surtout par son riche casting : Yul Brynner incarne un Laffite élégant et chevaleresque en rechaussant perruque, et retrouve Charlton Heston, son partenaire des Dix Commandements de Cecil B De Mille ; il incarne un de ces grands personnages historiques (qu'il a souvent joué dans sa carrière), en se faisant la tête d'Andrew Jackson, futur président des Etats-Unis. Tous deux sont bien entourés par la rayonnante Inger Stevens, par Claire Bloom, Charles Boyer et pas mal de bons seconds rôles.