Norbert Elias disait dans La solitude du mourant dans la société moderne (1981) que les hommes de son époque n'arrivaient plus "à se considérer comme des maillons éphémères dans la chaîne des générations, comme des estafettes qui, au terme de leur course, passent le flambeau à d’autres." Cette citation résonne tout à fait avec le poème écrit par l'otage. La communauté prend le dessus sur l'individu. Qu'est ce donc que 850 âmes si elles permettent de préserver la flamme de la dignité. Ce n'est pas une histoire d'honneur, mais bien de dignité et d'espoir. La vie de l'assassin de l'autre côté vaut bien plus qu'une simple vie. Elle représente la fougue résistante.
Fritz Lang montre une ville debout face à l'occupant. C'est surement très exagéré, comme l'ont été les films sur la résistance française, mais le film a le mérite de nous tordre dans tous les sens. Le dilemme, ou plutôt les dilemmes qui y sont présentés ont toute leur place.
Oui, les bourreaux meurent aussi, seuls, contrairement aux otages qui sont exécutés mais qui se dirigent vers leur mort en chantant, côte à côte. Ils ont à ce moment précis des quelques minutes avant leur mort, conscience de n'être qu'un maillon qui est en train de lâcher. Pourvu qu'on se souvienne pourquoi.