Fromage et boites en carton
Si les Boxtrolls, le dernier bébé du studio Laïka, a une énorme qualité, c'est au niveau de son graphisme.
Une chose est sûr, et ça on le voit dès les premières images, il n'est pas fait dans le même moule que les animé qui sortent à profusion chaque année.
Déjà techniquement, le studio Laïka, depuis "Coraline", s'est spécialisé dans l'animation en stop motion ce qui donne une touche particulière à leurs films.
Le boulot est immense ( à l'image du dialogue de fin entre 2 personnages du film) , tellement immense qu'on lui pardonne facilement les quelques ralentissements d'animation quasi inévitables sur cette technique.
Et en même temps, ce sont ses imperfections qui lui donne tout son charme et l'éloigne à grand pas de la froideur des animés en 3D.
Et du charme, il en a revendre.
La palette de couleur est sublime , c'est chatoyant , ça t'explose les rétines tellement c'est beau.
Au niveau du design, on a l'impression que les choix ont été fait en totale opposition avec les "codes" habituelles du genre.
Les personnages sont trapus, les nez crochus, les yeux globuleux. Y a du ventre, des rides , des grosseurs disgracieuses.
Les femmes et les hommes ne sont pas des canons de beautés et ce n'est pas ici que vous retrouverez un ersatz de Barbie ou autre Ken à la chevelure chatoyante.
Le monde des Boxtrolls est poisseux, sale, laid et les réalisateurs jouent à fond cette carte en prenant le risque d'effrayer nos chères petites têtes blondes qui ont perdus l'habitude de voir ce genre de spectacle ( d'ailleurs , amusez-vous à faire la comparaison avec ce qui est proposer aux enfants dans les bandes annonces et la différence des Boxtrolls vous sautera encore plus aux yeux ).
C'est une des particularités du studio depuis sa création.
Entre Coraline et ParaNorman, la peur fait parti intégrante de leurs univers quitte à parfois se rendre excluant pour les plus jeunes.
Et en même temps qu'il est bon de voir nos enfants frémir, on a tendance à bien trop les pouponner et ce n'est en rien l'intention des graphistes et réalisateurs du studio Laïka.
Cependant, il faut émettre un petit bémol à tout ça.
Si graphiquement, les ambitions sont hautes, l'histoire, elle, reste un peu sur sa réserve.
Alors, c'est efficace, bien écrit mais les parents habitués ne seront pas tellement surpris par les chemins pris par le scénario.
C'est d'ailleurs dommage d'avoir eu autant d'ambition graphique pour rester un peu en retrait sur l'histoire.
L'univers est pourtant sympathique , que ça soit celui des terriens et l'obsession des puissants pour le fromage, ou celui des BoxTrolls mais l'ensemble reste à la surface et n'est pas autant développé qu'on l'aimerait.
C'est d'ailleurs un peu pareil pour les personnages qui restent sur des stéréotypes.
Au final, si les BoxTrolls ne touche pas encore la grâce d'un Coraline, il en est sur le bon chemin en proposant un univers moins aseptisé, de traviole et plus crade.
Certains regretteront peut être un manque d'humour ( très peu présent ou en tout cas ne cherchant pas le gag automatiquement) et une histoire qui a du mal à sortir des sentiers battus mais dans l'ensemble que ça soit moi ou ma fille, on est sorti réjouis de ce spectacle haut en couleur.
Allez , un peu d'effort sur les histoires et je pourrais alors crier au génie.