Les Branches de l'arbre par Teklow13
L'arbre c'est Ananda Majumdar, l'une des personnalités les plus importantes et les plus respectées d'Anandapur, une petite ville du Bengale. Lors d'une réception publique pour fêter son 70ième anniversaire, il fait une crise cardiaque.
Les branches, ce sont ses 4 fils. Proshanto qui vit avec lui et dont l'esprit est dérangé depuis un accident de voiture. Les 3 autres fils vivent à Calcutta.
Suite à cette crise cardiaque, les 4 fils et leur famille respective vont se retrouver pour veiller le père.
Deux thèmes surgissent directement ici, deux thèmes qui parcourent la filmographie de Ray, à savoir la famille, et la société indienne.
Dans cette idée des branches de l'arbre, il y a le tronc, fier, droit, robuste, érigé vers le ciel. Puis il y a les branches donc, alimentées par la sève, la même qui vient du tronc, mais plus fragiles, plus tordues. La sève, le principe fondamental qui a régit la vie du père, c'est l'honnêteté. Se construire, gravir les échelons selon ce principe. Cette sève, le père est persuadé que c'est elle qui nourrit et fait grandir les branches. Or il semblerait que ce schéma n'est pas réellement celui sur lequel les fils se sont construits. A l'exception de Proshanto, la vraie fierté du père, dérangé mais droit, les 3 autres ne se limitent pas à toucher l'argent blanc. Ils utilisent également le noir.
Mais cette notion d'honnêteté ne se limite pas à l'argent et à réussite sociale. Ce principe est également remis en cause au sein de la toile familiale. Honnêteté envers soi-même, ce que l'on est. Honnête avec sa femme, avec ses frères, et avec son père.
Ces retrouvailles, guères enchantées, gênantes pour chaque membre, vont permettre de mettre des choses au point, certaines choses, d'autres resteront enfouies. Il en ressort un portrait cynique de la famille, très noir, où l'apparence cache la réalité des choses. Où l'argent et la réussite évince les rapports humaines et fraternels. Il y a cette scène terrible, dans laquelle le père, sourire aux lèvres et alité, reçoit la très courte visite, un à un, de chaque membre de la famille. Scène très dérangeante dans les intentions masquées des protagonistes, on est là mais on devrait être ailleurs.
Et il y a cette autre scène, vers la fin, où tous les fils et leur famille se retrouvent en un lieu bucolique pour un pique nique, comme à l'époque, lorsqu'ils étaient jeunes. Ce cadre, ombrage frais, paisible, et enchanteur, où les branches se rejoignent pour former une unité, n'est que le reflet ironique, empli d'humour noir, d'un cadre inférieur ou les branches, les fils, donnent la sensation d'une unité qui n'en sera désormais plus jamais une.
Encore une fois c'est un film formidable, à la mise en scène incroyable. Je ne le répèterais jamais assez, Satyajit est un immense.