Les Bronzés font du ski par pierrick_D_

En 1978 triomphait un film intitulé "Les bronzés",écrit et joué par une bande de jeunes acteurs renommés dans la mouvance du café-théâtre parisien qui se produisait au Théâtre du Splendid.Naturellement une suite a été rapidement envisagée et "Les bronzés font du ski" est sorti l'année suivante,le groupe de copains quittant le Club Med et les plages de Côte d'Ivoire pour se retrouver aux sports d'hiver dans la station de Val d'Isère.Les mêmes intervenants sont à la manoeuvre avec notamment le réalisateur Patrice Leconte et toute son équipe technique,dont le chef-opérateur Jean-François Robin,ainsi que le producteur Yves Rousset-Rouard,le tonton de Christian Clavier.On a d'ailleurs bossé en famille car Stéphane Clavier,le frère de Cricri,est assistant-réalisateur.Seul changement à la musique avec l'arrivée de Pierre Bachelet,le chanteur étant à l'époque un compositeur cinéma réputé,sa BO sur "Emmanuelle" avait marqué les esprits.Et puis bien sûr on retrouve à l'écriture et devant la caméra toute la fine équipe du Splendid.Ce qui est curieux est que ces "nouvelles stars" ne voulaient pas faire cette sequel,Michel Blanc ayant même refusé de coécrire le scénario.Et pourtant ce numéro deux est encore meilleur que l'original,comme quoi tout ça tient à peu de choses.On est donc monté d'un cran avec cette aventure hivernale optimisée par la photo de Robin qui utilise à merveille les paysages montagneux des Alpes et la partition joyeuse et dynamique de Bachelet qui file d'entrée le sourire.La réalisation de Leconte est plutôt plate mais il n'a en l'occurrence pas grand-chose à faire,juste à enregistrer vu que tout repose sur la mécanique humoristique du scénario.Ici les personnages gagnent en substance et nous sont plus proches.Certes ils restent assez caricaturaux mais c'est nécessaire à la dimension comique.Les sports d'hiver étaient alors accessibles au français moyen,beaucoup plus que le Club Med qui restait un loisir bourgeois.Du coup le spectateur entre en empathie avec des protagonistes plus humains et vulnérables que dans le premier opus où ils n'étaient que les rouages d'une mécanique bien huilée.Et quel script!Pour des gens qui ne désiraient pas remettre le couvert,c'est absolument génial.On est plié de rire du début à la fin,pas une chute de rythme,pas un instant de vide,on est happé dans un tourbillon d'humour acide à vous défoncer les zygomatiques.Un gag énorme à chaque scène,à chaque scène des dialogues cultes,c'est délicieux et ça n'arrête pas.Il faudrait citer toutes les répliques mais tout le monde les connait,elles sont d'ailleurs entrée dans le catalogue des expressions courantes.Dans cette ambiance gentiment insouciante de vacances hivernales on redécouvre avec un grand plaisir cette galerie de français d'autrefois qui multiplient les bourdes et les maladresses.Ils sont moins frimeurs et un peu plus graves qu'avant,ils ont plus de problèmes concrets mais ils sont toujours aussi drôles,qu'il s'agisse de Bernard et Nathalie,le couple de parisiens beaufs et mesquins,de Jean-Claude Dusse,l'immortel dragueur moche et malchanceux qui essaie encore désespérément de "conclure",des amoureux Jérôme et Gigi,le médecin et la patronne de crêperie installés à la montagne,de Popeye le beau gosse serial séducteur largué et trompé par sa femme qui en a marre ou de Christiane,l'esthéticienne raide et coincée qui arrive au bras d'un nouveau venu,l'inénarrable Marius,un vieux schnock marié et complètement idiot.Les dialogues sont monstrueux et enterrent définitivement la concurrence et les séquences d'anthologie se succèdent à bonne cadence pour culminer dans une irrésistible dégustation à la ferme.Les acteurs nous régalent et sont à fond dans leurs rôles,donnant tous du relief à leurs personnages.Michel Blanc est au-dessus du lot grâce aux galères incroyables d'un Jean-Claude qui,inconscient et obstiné,continue à vouloir emballer de la gonzesse.Gérard Jugnot et Josiane Balasko sont désagréables à souhait en râleurs invétérés,Christian Clavier est fantastique en toubib arrogant et imbu de sa personne,Marie-Anne Chazel joue les cruches avec une imparable efficacité et Thierry Lhermitte est impressionnant dans son emploi de bellâtre flamboyant sombrant dans la lose.Dominique Lavanant apparait moins à l'écran mais assure impeccablement en rombière en perdition à la botte d'un crétin manipulateur.Certains comédiens vus dans "Les bronzés" sont de retour mais dans des rôles différents,comme Guy Laporte,le chef de village devenu ici l'amant de l'épouse de Popeye,et surtout Bruno Moynot qui fait tout exploser.Ce type est un pur génie comique trop peu connu.Il avait commencé au Splendid comme machiniste avant de se voir confier de petits rôles et de devenir le copain de Balasko.Il incarne Gilbert,le prototype du boulet,le gars toujours à côté de la plaque qui est sinistre et se croit drôle tout en balançant systématiquement des réflexions totalement décalées avec un aplomb imperturbable.Le vieux Maurice Chevit est lui aussi extraordinaire en perruquier sénescent spécialisé dans les mauvaises farces qui n'amusent que lui.Roland Giraud arrache tout en une seule scène dans la peau d'un cocu pas content qui vient dire son fait à Popeye de manière hilarante.La belle blonde Doris Thomas,familière du ciné érotique de l'époque,est la vacancière skieuse qui se blesse en chutant et le moniteur de ski qui coache Jean-Claude est un vrai moniteur de la station,Fernand Bonnevie,l'immortel homme du vin chaud et du piqué de bâton.Note et critique de film de Patrice Leconte publiée précédemment:"Une heure de tranquillité"-2.Moyenne:6.