Les Bronzés font du ski par Gérard Rocher La Fête de l'Art

A Val d'Isère le ciel est bleu et la neige idéale; les adeptes du ski arrivent en masse pour affronter les pentes. C'est le moment du plein rendement pour le magasin de location de skis où le pauvre Popeye passe son temps à se faire humilier par son épouse et son amant, le patron des lieux. Gigi s'occupe d'une crêperie locale tandis que son époux Jérôme soigne les plaies et les bosses dans son cabinet médical. C'est dans cette station animée que débarque notre fameuse petite bande du "Club Med" pour un autre style de vacances: à la montagne.


Nathalie et son mari Bernard prennent possession de leur appartement et cela ne passe pas inaperçu. Jean-Claude est encore et toujours à la recherche d'une "affaire" féminine. Enfin Christine, l'esthéticienne, fait son apparition accompagné de sa dernière conquête: Marius, son compagnon nettement plus âgé qu'elle. Ce séjour devrait parfaitement se dérouler mais c'est sans compter sur les accrocs quotidiens des uns et des autres. Une randonnée en montagne tourne au cauchemar. Jean-Claude regrettera toute sa vie son cours de ski qu'il rêvait idyllique. Gigi escroque les clients avec des crêpes pas très bonnes et très chères. Jérôme s'occupe plus de ses performances de ski que de ses patients. Pendant que Bernard bougonne, parade et tente d'utiliser au mieux son équipement hyper performant, il doit aussi supporter sa femme Nathalie qui passe son temps à souffrir à cause de ses chaussures et de son genou abîmé suite à une chute. Reste Christine, heureuse et souriante au bras de Marius, tout à fait détendu, dont les blagues ne font rire que sa compagne et lui. Le problème est de savoir si, malgré ce lot d'infortunes, les retrouvailles de ces grands enfants leur laisseront tout de même un heureux souvenir et l'envie de se revoir...


"Pourtant que la montagne est belle !" sauf lorsque vous vous égarez à la nuit tombante en pleine nature sauvage ou que vous restez suspendu seul, le soir sur votre télésiège. "Pourtant que la montagne est belle !" sauf lorsqu'à votre arrivée un contretemps vous empêche de prendre possession de votre appartement, sauf si lors de votre cours de ski la motivation n'est qu'un bon vin chaud au lieu d'une ravissante monitrice. Et oui, cela n'est qu'un maigre échantillon, mais les péripéties et les déboires s'accumulent pour nos "Bronzés", passant du soleil de la mer à celui de la montagne enneigée. Pour certains leur situation a beau avoir évolué, ils sont depuis les dernières vacances restés fidèles à leurs habitudes et leur personnalité n'a pas changé. Ils ont beau se chamailler ou s'invectiver ils ne peuvent se passer les uns des autres tels des frères et sœurs pinailleurs. Les jours et les nuits sont remplis d'activités banales, de rencontres insolites, d'histoires d'amour ratées, d'espoir, de désespoir, de trouille et de colères et pourtant tous semblent finalement heureux d'être à la neige. Toutes ces mésaventures n'arrivent pas à altérer l'amitié à toute épreuve qui lie nos vacanciers. Qu'ils soient nouveaux riches, dragueurs invétérés, minettes, cocus, pédants ou profiteurs ils nous apparaissent tous bien sympathiques et proches de nous car il arrive que l'on se reconnaisse un peu au détour de l'un des personnages. Lorsque l'on a goûté aux sports d'hiver et pris le temps d'observer le comportement de certains habitués de ces lieux, même les situations les plus rocambolesques du séjour sont plausibles.


Que ce soit sous le soleil de la Côte d'Ivoire ou sous le froid vif de Val d'Isère Patrice Leconte est resté fidèle à cet humour franchouillard que dégage notre groupe de copains et copines. Les gags s'enchaînent de façon très cohérente. Par le miracle d'une interprétation hors pair, la moindre situation qui pourrait sembler banale prend une ampleur assez irrésistible au niveau de la dérision et du comique. Ce film qui joue sur l'observation des gens dans un environnement inhabituel pour eux comporte des scènes cultes qui sont au niveau des précédentes aventures au soleil. Le spectateur ressent que cette troupe du "Splendid" était une adepte de l'improvisation vue la complicité et la cohésion régnant entre les différents acteurs qui s'amusent autant que nous. Le plaisir est grand de retrouver rien que pour sourire encore un peu Marie-Anne Chazel, Christian Clavier, Gérard Jugnot, Josiane Balasko, Michel Blanc, Thierry Lhermitte, Dominique Lavanant, Maurice Chevit et Bruno Moynot. On sent à travers eux une petite part de nous-mêmes à tel point que "Les Bronzés 1 et 2" sont encrés dans toutes les mémoires. Dix fois nous pouvons regarder le même gag et dix fois l'effet aura le même impact tant on se sent impliqué dans ces aventures. La musique entraînante et originale de Pierre Bachelet contribue à donner à cette œuvre un rythme effréné.


Pour moi, c'est à la fin de ces vacances alpestres que se termine le mythe des "Bronzés"... Profitons donc de ces deux premiers épisodes cultes où le naturel des interprètes, servi par une mise en scène efficace, faisait régner une bonne humeur communicative malgré les "catastrophes" en chaîne subies par nos amis comédiens. La suite fut malheureusement nettement moins brillante...

Grard-Rocher
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le 19 déc. 2013

Modifiée

le 30 mars 2013

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