Sous la sensualité, la violence.

Les bruits de Recife est un film social qui décrit la violence urbaine sous-jacente, sous l'image de carte postale que veut se donner le Brésil nouveau.

Le film repose beaucoup sur des moments de la vie quotidienne pour développer une ambiance locale, particulière. Il ajoute cependant, par moments, des moments de tensions sous-jacente et de brusques éclatements de violence. Rien de graphique, mais le spectateur est pris par surprise. On suit des protagonistes de divers milieux, dont les intrigues se dénouent partiellement à la fin. Mais c'est l'environnement qui prime.

Il y a de beaux plans fixes sur l'environnement urbain, par exemple la baie vitrée de l'appartement donnant sur la skyline colorée de Recige. Ou encore celui sur la vieille demeure de planteurs, avec les statues abandonnées.
Certains plans sont volontairement cadrés en biais, comme la scène du petit déjeuner de Joao et Sofia. Rien de révolutionnaire, cependant.
Il y a quelques licences formelles, comme cette très belle séquence où le couple déambule dans le décor abandonné de la plantation du grand-père et d'un cinéma envahi par la végétation, avec une musique de film d'horreurs des années 1950. On aimerait voir davantage le film aller dans cette direction.

Le film veut apporter un miroir au Brésil émergent, avec pour thème principal la césure entre riches et pauvres, et les thématiques qui en découlent : frustration, violence, arbitraire, injustice en faveur des riches. C'est vu à hauteur d'homme. Le casting est parfait, même si on trouve cette sensualité propre au Brésil qui donne l'impression que tous les acteurs/trices sortent d'une grosse nuit de baise.

Le film est divisé en plusieurs parties :
- Chiens de garde.
Une partie qui pose divers aspects des dynamiques intérieur/extérieur, quartier riche/quartier pauvre, avec un appartheid social qui ne dit pas son nom (portes à grille, caméras au-dessus des entrées, insécurité dans la rue, démarcheurs en sécurité, enfermement devant la télé, porteurs venant livrer les bonbonnes d'eau potable...). On noue aussi les principaux fils d'intrigue.
Gardiens de nuit.
Le thème de la sécurité se renforce.
Gardes du corps.
Dénouement partiel.

C'est un film à l'atmosphère particulière, assez lent, assez original par moments, par la forme mais surtout par le sujet.

Synopsis
Premiers plans sur la vie au pied des tours de Recife, avec seulement des bruits ambiants.
Une femme ne peut pas dormir a=à cause du chien du voisin. Elle insère un somnifère dans un bout de viande qu'elle lui jète.
Sofia et Joao, un jeune couple qui baise comme des lapins. La vieille bonne les surprend ; en descendant la voiture de Sofia a été légèrement vandalisée. Joao pense que c'est un certain Dinho, son cousin, mais les gars dans la rue disent n'avoir rien vu.
Joao fait visiter des appartements modernes qui surplombent les taudis. Une cliente refuse car elle a entendu parler de la défenestration d'une vieille dame.
La femme qui a drogué le chien se fait livrer une télé, mais au passage une furie, Bethania, lui tire les cheveux et l'agresse violemment. C'est sa soeur, qui habite plus haut dans la rue. Elle fume dans sa chambre pour destresser, mais allume l'aspirateur pour ne pas laisser de traces de fumée.
Joao va voir Dinho, qui refuse de reconnaître le vol du lecteur CD mais lui en fait parvenir un par sa bonne.
La femme enfermée se fait livrer de la beuh et se masturbe sur la machine à laver en mode essorage.
Clodoaldo, un entrepreneur de sécurité qui fait mafieux, vient voir le père de Joao, qui possède la moitié du quartier mais s'est un peu rangé. Le père les autorise à faire affaire dans le quartier, mais ils ne doivent pas approcher Dinho.
Une réunion de coproriété pour licencier un gardien incompétent, ce à quoi Joao s'oppose, mais il part retrouver Sofia. Le lecteur récupéré n'est pas le sien.
Clodoaldo provoque Dinho par téléphone en lui disant que la rue est sécurisée. Celui-ci sort et les menace en invoquant la puissance de sa famille.
Sofia et Joao vont voir le grand-père sur sa plantation. Clodoaldo a gagné la confiance du quartier, mais il attire la bonne de Don Fernando pour faire l'amour dans une maison en l'absence du propriétaire.