La comédie de Julien Guetta est paresseuse mais étonnamment pas déplaisante. Le film doit surtout à ses personnages féminins, plutôt qu'au trio masculin.
L’histoire de deux frères que tout oppose. Antoine, marié, deux enfants, conducteur de bateaux, et Christian, célibataire, chômeur et bagarreur incorrigible. Mais quand Antoine le mari idéal se retrouve mêlé à une sale histoire, c’est Christian le mal aimé qui, même si on ne lui a rien demandé, débarque à Cherbourg pour voler à son secours. Les Cadors comme ils aimaient se surnommer dans leur enfance vont se redécouvrir au travers de cette histoire.
Il suffit de lire le scénario qui relève du minimum syndical et réaliser que le film de Julien Guetta est une comédie française pour savoir que cela ne volera pas haut et effectivement sur ce point, je n’ai pas été déçu. J’ai trouvé la première partie du film vraiment très mauvaise. Jean-Paul Rouve pisse sur le cercueil de son père. Les deux frères se saoulent, saccagent le jardin. Aucune élégance, aucune finesse. On n'est vraiment pas chez Lubitsch ni chez Wilder.
Il faut dire que le scénario ne va pas chercher très loin. Deux frères que tout oppose se retrouvent. L’un est sérieux (en tout cas en apparence), l’autre est un déconneur sans accroche (en tout cas en apparence). L’opposition entre deux caractères est un gimmick classique de la comédie à la française. Et quand on a une opposition aussi tranchée entre deux hommes dans une comédie française, on pense automatiquement aux comédies de Francis Veber (‘Les compères’, ‘La chèvre’). Ajoutons qu’à ce canevas classique, s’ajoutent des pistes scénaristiques qui tombent un peu comme un cheveu sur la soupe comme ce transport de drogue, qui franchement n’a pas grand intérêt. S’ajoutent des flashbacks mélodramatiques parfaitement inutile, si ce n’est pour forcer le pathos.
Pourtant, la deuxième partie, sans être du Howard Hawks, est un peu meilleure. La comédie cheap laisse sa place à une histoire plus sensible. Celle d’un homme qui a perdu pied, et qui devra compter sur son frère et sur sa femme qu’il risque de perdre. La potacherie de bas-étage revient parfois mais la fin est vraiment drôle.
Au sujet des interprétations, les hommes sont vraiment au service minimum. Grégoire Ludig est correct sans plus. Jean-Paul Rouve se croit encore dans ‘Les Tuche’ à jouer les gros ploucs. Et Michel Blanc joue mollement son énième rôle d’ordure. En revanche, les deux actrices, bien que jouant des seconds rôles, sont vraiment bien. Marie Gillain, que décidément j’adore, interprète avec tendresse cette femme au bout du rouleau. Et j’ai également beaucoup aimé Aurore Broutin et son cheveu sur la langue. Elle apporte de la fantaisie et de la folie à un film qui en manque tant.
Si vous n’avez rien à faire ou voulez voir un film zéro-neurone, courrez-y. Si vous cherchez une comédie ou plus généralement un film bien foutu, bien pensé et bien écrit, passez votre chemin. Car le film est vu sans vrai passion, sans déplaisir non plus mais est assez vite oubliée.