Visiblement, même en l'absence (provisoire ?) de Xavier Dolan, le cinéma québécois semble afficher une vitalité insolente, si l'on en juge par sa production récente, de Simple comme Sylvain à Testament, en passant par Le Plongeur. S'y ajoute Les chambres rouges, troisième réalisation de fiction de Pascal Plante (Nadia, Butterfly), 35 ans, dont le statut d’œuvre culte lui pend au nez. Le long-métrage commence comme un film de procès, celui d'un tueur en série coupable de meurtres atroces, pour se poursuivre autour de la personnalité de l'une de ses groupies, mannequin et geek, et de sa fascination morbide pour les actes de l'assassin. Le thriller psychologique atteint des sommets, à mesure que son héroïne, rendue foncièrement mystérieuse par l'absence volontaire d'explications à son comportement malsain, s'approche au plus près de l'horreur. La mise en scène, glaciale dans sa sobriété, ne montre aucune scène insupportable et raconte l'indicible dans les yeux de ses personnages et par une bande sonore particulièrement éprouvante. Dire que le film se révèle dérangeant est un euphémisme, plongeant dans les mondes parallèles du Dark Web et de l'intelligence artificielle et surtout dans les noirs tréfonds de la conscience d'une jeune femme au visage faussement angélique. Son interprète, Juliette Gariépy, est formidable, tout en nuances et en ambiguïtés.